Il n’y a pas pire que celui qui ne veut pas voir.

Charles Péguy disait si justement que “Il faut toujours dire ce que l’on voit ; surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit.”

Alors que les “zexperts” du Monde s’interrogent doctement sur les causes de la productivité, en expliquant que c’est la faute à :

1/ Une première explication est qu’il y aurait eu une baisse séculaire de la productivité de la recherche : il faudrait de plus en plus de chercheurs pour atteindre un certain niveau de croissance de la productivité ou un certain volume d’innovations. En particulier, il faut aujourd’hui dix-huit fois plus de chercheurs pour doubler la densité des transistors sur une puce qu’au début des années 1970. Cependant, cette explication ignore le fait qu’au-delà de l’augmentation de leur densité en transistors, les nouvelles puces sont moins coûteuses que les anciennes et peuvent accomplir davantage de tâches.

2/ Une deuxième explication est que l’on ne sait pas bien mesurer la croissance de la productivité. En premier lieu, les mesures traditionnelles de la productivité et de la croissance se heurtent à l’internationalisation des chaînes de valeur mondiales. Ensuite et surtout, ces mesures peinent à rendre compte de l’importance et de la variété croissante des services dans des économies largement basées sur l’immatériel. Ainsi, au cours des quarante dernières années, on a observé une accélération de l’innovation aux Etats-Unis, mesurée par la quantité de brevets, mais qui ne s’est pas pleinement reflétée dans l’évolution de la croissance de la productivité.

3/ Une troisième explication est que les grandes révolutions technologiques mettent du temps à se diffuser et donc à générer une augmentation visible de la croissance. La première machine à vapeur a été commercialisée dès 1712, mais l’accélération de la croissance du PIB par habitant n’est visible qu’à partir de 1830 au Royaume-Uni. De même, alors que l’ampoule électrique a été inventée en 1879, il a fallu attendre plus de cinquante ans avant d’observer une accélération de la croissance de la productivité aux Etats-Unis. Plusieurs facteurs expliquent ce décalage, notamment etc…

Nous serions donc confrontés au “temps d’appropriation” des innovations.

Tout ceci sort bien des salons feutrés d’économistes et autres intellectuels qui ne font pas grand chose.

Ce que je dis n’est pas méchant du tout et je ne veux pas que ce soit méchant, mais c’est une évidence qu’ils ne font pas grand chose.

Pourquoi est-ce si évident me direz-vous aussi justement !

Simple.

Celui qui fait aujourd’hui le moindre truc se retrouve confronté à l’obligation de faire face à une multitude d’obligations diverses et avariées plus ou moins utiles pour ne pas dire à chaque fois totalement inutiles.

La baisse de notre productivité est essentiellement liée à l’augmentation de la complexité !

Toujours plus d’obligations, de formulaires, de traçabilité, de papier, de sites avec des espaces utilisateurs dans lesquels il faut donner toujours plus d’informations, pour toujours plus de suivi et de taxation.

La baisse de la productivité est d’une simplicité enfantine à comprendre.

Tout devient chaque année de plus en plus compliqué que l’année d’avant.

Les entreprises doivent recruter des milliers de collaborateurs pour répondre à des normes stupides du genre RSE, RGPD, sécurité informatique aux normes machinchouettes etc.

Résultat ?

Ceux qui produisent réellement sont de moins en moins nombreux tandis que les coupeurs de cases Excel en 4, eux, explosent pour répondre à du normatif qui est un centre de coûts et pas un centre de profits.

Les gains de productivité réels sur le productif sont totalement mangés, annulés par l’hyperinflation normative.

L’effondrement de notre productivité est lié à l’explosion de la complexité.

Simple et évident.

Charles SANNAT

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Source Le Monde.fr ici

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