C’est le Monde (source ici) qui revient sur le 25ème anniversaire de la BCE… Et oui, 25 ans déjà. A l’époque il y a donc un quart de siècle, j’accompagnais le coordinateur du projet euro d’une grande banque française dans ses missions. Le passage à l’euro était un énorme projet très largement réussi pour tous les systèmes financiers et bancaires de la zone euro.

Et pour les 25 ans de l’institution le Monde pourtant très europhile n’est pas tendre,  titrant :

Pour ses 25 ans, la Banque centrale européenne en échec face à l’inflation

“L’institution est accusée d’avoir failli dans sa mission fondamentale en laissant filer les prix entre la fin 2021 et le début 2022 et, désormais, d’étouffer la croissance en augmentant trop les taux d’intérêt.” Quand même, c’est vache là !

“Quelque deux cents invités de marque sont attendus mercredi 24 mai dans l’imposante tour de la Banque centrale européenne à Francfort. Le temps d’une soirée de gala, Christine Lagarde, sa présidente, célébrera le 25e anniversaire de l’institution, recevant notamment le chancelier allemand, Olaf Scholz, et au moins cinq ministres de l’économie des pays de la zone euro. Tout ce beau monde doit se régaler de poisson et de tarte à la mangue.

Derrière les festivités, pourtant, la BCE traverse une période difficile. Sa mission officielle est de maintenir l’inflation à 2 % sur le moyen terme en zone euro. Or, celle-ci est actuellement… de 7 % sur un an, après avoir atteint un pic à plus de 10 %. Dans ce contexte, une petite musique de fond est en train d’émerger : à la sortie de la pandémie, la BCE a commis une grave erreur en laissant filer l’inflation.

« En 2021, la BCE dormait au volant, accuse Mathieu Savary, chef stratégiste à BCA Research. Mais elle n’était pas seule, l’erreur a été collective, commise par toutes les grandes centrales, y compris la Fed et la Banque d’Angleterre. »

Vendredi 19 mai à Londres, Mervyn King, ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre (2003-2013), portait le même jugement sévère lors d’une conférence. « Pendant vingt-cinq ans, les banques centrales ont réussi à maîtriser l’inflation. Mais, aujourd’hui, l’inflation sous-jacente [hors énergie et alimentaire] tourne autour de 5 %-6 % partout, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en zone euro. Il y a clairement eu une sérieuse erreur.

Relire les discours d’il y a deux ans illustre l’aveuglement de l’époque. En décembre 2021, alors que l’inflation était déjà de 5 %, Mme Lagarde se voulait extrêmement rassurante : « Je vois l’inflation comme une bosse. Celle-ci a clairement augmenté depuis trois trimestres. (…) Mais elle finira par passer. On prévoit que l’inflation baissera en 2022. »

Il n’y a aucun aveuglement, mais la nécessité de ne pas paniquer !

En réalité, je trouve que les banques centrales ont parfaitement bien joué et maitrisé la peur de l’inflation. Les marchés ont tenu, l’économie a tenu, et le choc inflationniste largement prévisible pour le Covid, nettement moins pour la guerre en Ukraine ont été très bien gérés en réalité par l’ensemble des banques centrales du G7. Il n’y a eu aucune erreur, la politique menée l’a été consciemment et volontairement avec un objectif, la stabilité du système et l’absence de panique au prix de quelques mensonges économiques dont il faut bien comprendre la nécessité et aussi la régularité !

Charles SANNAT

« Ceci est un article ‘presslib’, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Insolentiae.com est le site sur lequel Charles Sannat s’exprime quotidiennement et livre un décryptage impertinent et sans concession de l’actualité économique. Merci de visiter mon site. Vous pouvez vous abonner gratuitement à la lettre d’information quotidienne sur www.insolentiae.com. »

Please complete the required fields.