C’est un article du Monde intitulé « La résolution des crises bancaires par des fusions pourrait provoquer des catastrophes » qui met les pieds dans le plat du Crédit Suisse.
L’idée défendue ici est assez simple. Ce n’est pas en faisant des banques encore plus grosses et donc plus difficiles à sauver quand il y a un problème que l’on va durablement régler une crise bancaire.
“Les précédents des crises bancaires autrichienne et allemande des années 1930, et leurs conséquences politiques, doivent nous rappeler que fusionner les banques en difficulté, comme cela s’est fait récemment en Suisse, n’est pas une bonne solution, observe Pierre-Cyrille Hautcœur, dans sa chronique.
En quelques jours, l’Union des banques suisses vient d’absorber un Credit Suisse en crise, avec l’appui massif de la Banque nationale suisse (la banque centrale) et du gouvernement (qui a passé une loi d’exception en urgence). La somme des bilans des deux banques dépasse 1 400 milliards de francs suisses (1 416 milliards d’euros), soit plus de deux fois le produit national brut (PNB) du pays, une fois et demie le bilan de la Banque nationale suisse, et dix-sept fois le budget confédéral. Le Credit Suisse était « too big to fail » (« trop gros pour qu’on le laisse faire faillite »). On peut se demander si le nouveau mastodonte ne serait pas « too big to save » (« trop gros pour être sauvé ») !
Si l’Etat exceptionnellement prospère des finances publiques suisses suggère que le risque est faible, ailleurs, la résolution des crises bancaires par des fusions conduisant à des géants incontrôlables pourrait provoquer des catastrophes financières, économiques, voire politiques. L’exemple de la crise austro-allemande de 1931 doit être gardé en mémoire.
Début mai 1931, le Creditanstalt, première banque autrichienne, est au bord du dépôt de bilan. En absorbant en quelques années trois de ses principales concurrentes en difficulté, elle devient, de loin, la première banque du pays, et son bilan dépasse la moitié du PNB autrichien. De ces fusions, elle a hérité des créances douteuses considérables, dont elle masque l’importance comme elle déguise l’état réel de son bilan en surévaluant des participations industrielles non cotées, a priori invendables.
Un plan de sauvetage organisé par le gouvernement, la banque centrale et ses premiers actionnaires ainsi que par la banque Rothschild lui apporte 160 millions de shillings autrichiens de l’époque, quand les pertes avouées atteignent 140 millions pour un capital de 125 millions… Le plan, insuffisant, empire la situation : le run (« ruée ») des déposants s’aggrave d’une fuite de capitaux, car, même si la banque centrale dispose de réserves considérables, les Autrichiens, tout comme les déposants étrangers, craignent qu’elle n’ait recours à l’inflation pour sauver le système bancaire et suspende l’étalon-or. Au rythme de 20 millions de sorties de capitaux par jour, même le prêt de 150 millions de la Banque d’Angleterre, relayé par un emprunt international organisé par Paribas, n’est pas suffisant.”
Trop grosses pour être sauvées.
Il est bien là le sujet de fonds.
En réalité ce que nous devrions avoir c’est des banques de taille limitée et volontairement limitée.
Non seulement c’est mieux en termes prudentiels, mais c’est également mieux pour l’emploi.
Mais ce n’est pas tout, c’est également mieux d’avoir des banques régionales proches de leurs clients et qui sont profondément intégrées dans leur tissu économique local.
Charles SANNAT
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Source Le Monde.fr ici
Bonjour. De toute façon, toutes les banques battent de l’aile, plus ou moins!!! Ce n’est pas comme en algèbre – par- donne plus!!!
Une Suisse qui n’est pas endettée et a la maîtrise de sa monnaie ne peut-elle pas sauver aussi le nouveau mastodonte.
Au passage, le gouvernement Suisse a décidé de priver les plus hauts dirigeants de Crédit Suisse de leurs bonus et primes au titre des années 2022 et 2023.
On aurait pu espérer que ces dirigeants soient purement et simplement évincés.
La solution ne serait-elle pas de rendre responsables et de sanctionner lourdement des dirigeants incompétents ?
Pour une fois, on pourrait s’inspirer des US, où les dirigeants répondent de la faillite de leur société sur leurs biens propres (Exxon en 2021).
Pour ceux qui ne savent pas :
C’est quoi la crise austro-allemande de 1931 ?
La crise austro-allemande de 1931 était une crise économique et politique qui s’est produite entre l’Allemagne et l’Autriche en 1931. À l’époque, l’Autriche était une nation souveraine, mais elle était étroitement liée à l’Allemagne en raison de leurs similitudes culturelles, économiques et politiques.
La crise a commencé lorsque la banque autrichienne Kreditanstalt, la plus grande banque d’Autriche, a été confrontée à des difficultés financières importantes. Cela a déclenché une panique bancaire en Autriche et a conduit à une chute massive de la valeur de la monnaie autrichienne.
L’Allemagne, qui était également en difficulté financière à l’époque, a utilisé la crise pour tenter d’annexer l’Autriche. L’Allemagne a exigé que l’Autriche réduise son budget, mais cela a entraîné une crise politique en Autriche et a finalement conduit à la chute du gouvernement autrichien.
La crise a également eu des répercussions internationales, car elle a contribué à la propagation de la Grande Dépression dans le monde entier. La crise austro-allemande de 1931 a finalement été résolue grâce à l’intervention de la Société des Nations et des puissances étrangères, mais elle a laissé l’Autriche plus vulnérable et a renforcé la montée en puissance de l’Allemagne nazie.
Fusion des banque, ou comment mieux cacher la poussière sous le tapis…jusqu’à la faillite du super mastodonte.
Dit autrement, laissons le système constater ses pertes et occupons nous de ce qui pourrait être savable.
“…des banques de taille limitée…” ???
Pensez vous que ce soit concevable dans un monde “capitaliste ” ?
Le capitalisme est un ogre éternellement insatisfait qui ne peut s’arrêter qu’en explosant ,et c’est ce qui est entrain de lui arriver .
tout à fait juste cher Charles.
Je vous invite également à lire l’excellent livre de Pierre Jovanovic “Hitler ou la vengeance de la planche à billets” qui parle de cette période que nous risquons fort de connaitre à nouveau.
En gros ce sont bien les faillites bancaires des années 30 qui font monter Hitler et qu’on en arrive ensuite à la seconde guerre mondiale.
L’autre intérêt de ce livre est de montrer la réalité crue de l’époque ou des voleurs volaient quelqu’un qui se promenait avec sa mallette remplie d’argent pour aller acheter qq chose et ils gardaient la mallette pour la revendre alors que tout l’argent contenu dedans était jeté comme du vulgaire papier (qu’il était devenu).
Cela devrait nous faire réfléchir…
Une petite equation resume la situation :0+0=0…
Les banques françaises sont des mastodontes, nous avons fait le contraire en 2008…Un jour la réalité signera la fin de la récréation, tout va s’effondrer et puis c’est tout!
Hello Charles,
Ha Ha Ha h ah ha !!!!
La banque qui abrite mes sous-sous, “Tarneaud” en Limousin, pour ne pas la nommer, filiale de Crédit du Nord” vient d’être mangée par SG…
A vous lire, c’est stupéfiant de se rendre compte qu’ils ont vraiment rien compris !!!
C’est pas comme s’ils n’avaient pas les infos !!!
» En réalité ce que nous devrions avoir c’est des banques de taille limitée et volontairement limitée. »
Ça ne changerait rien du tout. Le jeu de domino deviendrait simplement plus grand car vu que de nos jours toutes les banques sont imbriquées l’une dans l’autre au vu de notre monde économique universel la chute de l’un aurait des conséquences sur l’autre car l’un est la garantie de l’autre et vice versa via les produits dérivés.
J’étais banque Laydernier filiale du crédit du nord et elle vient de se faire “bouffer”par la société générale …!!
Exemple type la SG étant dans le collimateur pour des affaires douteuses .
Banque régionale : oui
Mais bien interconnectées en réseaux nationaux et avec un système facilitant les transferts d’emprunts ou d’épargne d’une banque régionale à l’autre.
Actuellement, un habitant d’Aubenas (sud de l’Ardèche) qui est à la Caisse d’Epargne Loire Drôme Ardèche déménage 70 km plus au sud à Alès (Gard) ne pourra pas transférer son emprunt immobilier à la Caisse d’Epargne Languedoc-Roussillon dont dépendent les agences du Gard.
Il se retrouvera avec des frais bancaires pour 2 banques.
Ce manque d’interconnexion pose aussi problème pour les associations dont les membres sont dans toute la France et dont le trésorier peut une année être à Caen, une autre à Metz ou à Nice.
Mouais, mais aux USA 140 petites banques “limitées” ont fait faillite après la crise de 2008. De toute façon quand le Titanic coule, tous les compartiments coulent, petits ou grands. Le Titanic, c’est la financiarisation à outrance de l’économie et sa collusion avec l’idéologie politique mondialiste, qui au final aboutit à une forme de communisme généralisé dans lequel les lois naturelles de l’économie sont abolies ce qui aboutit à la ruine généralisée.
@ Alex Jobs
Intéressant.
Je suis au creditmut ,parait que c’est sûr…? pourtant ile avaient absorbé il y a une dizaine d’années le CIC (banque d’affaire (s)…et le creditmut avait été épinglé i y a env. 8 ans par les journaux financiers comme état la banque qui avait réalisé 44% de ses bénéfices au Panama…
Qui croire …?
Ah, bien, on (les membres de la communauté européenne) va enfin pouvoir annexer la Suisse.
Bref.
Je lorgnais vers une banque régionale.
La SG a mis le grappin dessus, à mon grand dam.
Du coup, je vais investir dans un sommier adéquat.
Pour le matelas, je vais attendre un peu.
Et dans la june (Ğ), pour arrondir les fins de mois.
Prenez soin de vous.
Bonjour Charles
Auriez vous une référence bibliographique pour cette crise autrichienne s’il vous plaît? Merci