Selon la terminologie en vigueur, la droite populiste allemande comme la droite populiste française veulent la fin de l’euro…
Ce qui est dramatique c’est que le débat concernant l’euro, son avenir et ses implications, nos difficultés économiques, soit confisqué à ce point-là.
Si vous osez évoquer l’euro, vous êtes soit un affreux altermondialiste communisant, soit un tout aussi affreux fasciste et populiste.
Je ne suis ni l’un ni l’autre, bien au contraire. Je suis économiste, je suis également passionné et préoccupé par l’avenir de mon pays et des miens, à commencer par les plus pauvres et ceux qui ont le plus de difficulté à joindre les deux bouts.
Économiquement, l’euro nous étouffe, nous, les pays européens en dehors des Allemands. Alors oui, la France sans l’euro ce serait une très bonne chose pour notre économie. Et au bout du compte, il n’y aura pas le choix car encore une fois, d’un point de vue uniquement technique, soit il y a un impôt européen avec union de transfert et l’euro est viable, soit il n’y a pas d’impôt européen ni d’union de transfert (les Allemands paient pour les Grecs) et à ce moment-là l’euro est techniquement non viable.
Il faut soit beaucoup plus d’Europe, soit beaucoup moins. C’est au choix et c’est un choix politique. Or les peuples, aujourd’hui, ne veulent pas plus d’Europe. Ils en veulent moins.
Charles SANNAT
Le parti populiste allemand AfD appelle à créer une union monétaire réduite à quelques pays européens et dont la France ne ferait pas partie.
Deux leaders du parti Alternativ für Deutschland (Alternative pour l’Allemagne, AfD), formation populiste d’extrême-droite, ont plaidé dans une interview publiée lundi par le Franfurter Allemeine Zeitung pour une zone euro réservée à quelques pays liés à l’Allemagne, excluant la France et les autres nations méditerranéennes.
“Nous pouvons avoir une monnaie commune avec les Pays-Bas, l’Autriche, la Finlande ou les États baltes. Ils ont la même culture de la stabilité que nous. Mais les Français en ont une autre, sans parler des Italiens, des Espagnols, des Portugais et des Grecs. Ils ne veulent pas entendre parler d’austérité”, a notamment déclaré le co-président du parti, Jörg Meuthen.
Le vice-président de l’AfD, Alexander Gauland, s’est hâté de dédramatiser, en ajoutant que “personne ne voulait mettre la France dehors”.
“Quoi qu’il en soit, la France constitue un problème politique pour la zone euro (…) Il serait bon que les Français restent, mais s’ils ne le peuvent pas économiquement ou ne le veulent pas, on doit trouver une autre construction”, a-t-il estimé.
Tout indique que les réformes engagées depuis trois ans par la France n’ont pas convaincu la droite allemande qui juge ce pays laxiste sur le plan budgétaire.
Deuxième économie de la zone euro, la France se bat contre un taux de chômage à plus de 10 % qui ne recule pas, à l’inverse d’autres pays voisins. Elle est également épinglée par Bruxelles pour son déficit public au-dessus de la limite européenne de 3 % du PIB.
Depuis la fondation de l’AfD en 2013, les eurosceptiques allemands ne cessent d’intervenir en faveur d’une Europe à plusieurs vitesses, avec une monnaie unique réservée aux pays les plus compétitifs. Les analystes constatent que des liens de plus en plus étroits se tissent entre l’AfD et le Front national en France, unis dans leur critique intransigeante de l’Union européenne.
Porté par la crise financière en Europe, la crise des réfugiés et les doutes de la population sur l’intégration des personnes d’origine étrangère en Allemagne, le parti AfD jouit d’une popularité grandissante au sein de l’opinion publique. Même si son programme “anti-islam” suscite une forte polémique dans le pays, les sondages lui promettent la troisième place sur le podium aux élections fédérales de l’automne 2017, avec environ 12 % des suffrages.