Pour Artus, les taux d’intérêt ne vont pas beaucoup monter dans la zone euro ! Et c’était une évidence avant le conflit avec la Russie, et cela sera encore plus une évidence pendant et après le conflit avec la Russie.

En effet l’augmentation du prix de l’énergie sera tout simplement insupportable pour la zone euro et l’Union Européenne en général.

Est-ce que l’offensive russe sur l’Ukraine va pousser à une remontée des taux d’intérêt ? Selon Patrick Artus, la réponse est négative pour plusieurs raisons qui se cumulent.

1/ Pas de hausse de salaire donc pas d’inflation…

“D’abord, le scénario le plus probable est celui où l’inflation de la zone euro (5,1 % en janvier 2022) va revenir à 2 % à la fin de l’année 2022, un peu en dessous de 2% en 2023. Cela résulte de ce que les coûts salariaux unitaires (les salaires corrigés de la productivité) augmentent peu : 1,5 % sur un an. Quand on analyse tous les accords salariaux signés pour 2022, on parvient à une hausse de salaire par tête de 2,5 % en 2022, certes plus forte qu’en 2021 (1,5 %) mais encore assez modeste”.

2/ Pas de mise en vente des obligations d’Etats déjà détenues…

“Le deuxième argument est assez technique : ce qui influence les taux d’intérêt à long terme est le stock d’obligations détenu par la Banque centrale, pas le flux d’achats d’obligations. La BCE va arrêter en 2022 le Quantitative Easing, donc va arrêter d’accroître l’encours d’obligations qu’elle détient. Mais elle ne va pas le réduire, et puisque ce qui compte est le stock détenu et pas le flux d’achats, l’arrêt du Quantitative Easing fera peu monter les taux d’intérêt à long terme sur l’euro”.

3/ Une demande d’obligations qui va rester forte !

“Le troisième argument résulte de l’observation que la demande mondiale de dette sans risque va rester très forte. Le taux d’épargne du secteur privé et le taux d’épargne total du Monde continent à augmenter, ce qui alimente cette forte demande pour les dettes sans risque. Elle conduit à de forts achats de dettes publiques sûres (dans la zone euro, Allemagne, France, Pays-Bas, Belgique, Finlande, Autriche) pour les investisseurs internationaux (Banques Centrales non européennes, assureurs, fonds souverains) qui exercent bien sûr une pression à la baisse sur les taux d’intérêt à long terme de ces pays”.

Il s’ajoute à ces achats de dettes publiques par les non-résidents les achats « forcés » des banques et des investisseurs institutionnels domestiques. Les achats forcés viennent de la « répression financière », des réglementations qui imposent aux banques, aux assureurs, de détenir des portefeuilles importants de dettes liquides et sans risque. Même si les taux d’intérêt à long terme sont très bas, les banques et les assureurs sont contraints de détenir ces portefeuilles”

4/ Eviter une nouvelle crise de la dette avec des taux trop élevés en Europe !

“Enfin, le dernier argument résulte de la nécessité pour la Banque centrale européenne d’éviter une crise de la dette, comme de 2011 à 2013, dans les pays périphériques de la zone euro. Cette menace pèse aujourd’hui surtout sur l’Italie. L’Italie a une croissance potentielle en volume de 0 % contre 1,5 % environ dans les autres pays de la zone euro, a une dette publique très élevée (155 % du PIB en 2021), et a déjà un taux d’intérêt à 10 ans de 1,9 %. Si le taux d’intérêt à long terme de l’Italie passait au-dessus de la croissance en valeur de long terme (2 %), alors l’Italie n’assurerait plus la soutenabilité de sa dette publique, et une crise pourrait survenir.

La Banque centrale européenne sera donc perpétuellement contrainte d’empêcher une hausse excessive des taux d’intérêt de l’Italie, ce qui lui impose aussi d’éviter une hausse excessive des taux d’intérêt de l’Allemagne, de la France…”

De l’ensemble des raisons évoquées par Artus c’est sans doute cette dernière la plus crédible et la plus importante. Avec la guerre en Ukraine, l’argent est train de partir d’Europe et je ne suis pas persuadé que les investisseurs se ruent sur les obligations d’Etats européens potentiellement en guerre demain ! Mieux vaut investir aux Etats-Unis en zone dollar et c’est exactement ce qu’il se passe avec l’euro qui baisse fortement contre le dollar.

L’Union Européenne et la zone euro vont connaitre une énorme crise économique et c’est nous qui allons nous faire couillonner dans les grandes largeurs comme à chaque fois.

Charles SANNAT

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Source Boursorama.com ici

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