Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

Pour “bien” commencer la semaine, je voulais vous parler de deux choses. La première, c’est une vidéo où Jean-Pierre Petit, économiste, livre une analyse. La deuxième, c’est la politique des banques centrales actuellement à la manœuvre et qui se coordonnent bien évidemment pour intervenir afin de maîtriser au mieux les difficultés économiques actuelles.

La crise de 2008 serait différente de celle de 2016 !

La crise de 2008 serait différente de celle de 2016… selon Jean-Pierre Petit, pour qui les banques centrales ont tardé à reconnaître la gravité de la crise car à l’époque, en 2008, il y avait un baril à 150 dollars et 5 % d’inflation aux États-Unis !! Cela a donc empêché la FED de voir se profiler la déflation qui allait arriver…
Je ne ferai pas de mauvais procès à Jean-Pierre Petit qui livre, par ailleurs, une analyse de la situation loin de relever de l’optimisme béat puisqu’il dira tout de même que “cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de récession aux États-Unis dans 18 mois, qu’il n’y aura pas un hard landing en Chine, et une crise de gouvernance en Europe !!” Rien que cela…

Non, j’avais juste envie d’apporter un bémol car la crise de 2016 est une nouvelle phase de la crise de 2008 qui, en réalité, puise elle-même ses racines dans les choix monétaires qui ont été faits par les banques centrales, en particulier la FED, au début des années 2000 suite à l’éclatement de la bulle Internet.

Ces événements ne sont pas distincts les uns des autres, ils sont intimement liés, ils sont les conséquences les uns des autres. Dire qu’ils n’ont rien à voir entre eux c’est empêcher de voir la vérité mais aussi de cerner l’avenir non pas avec précision, mais en tout cas ses grandes tendances.

Or naturellement, cette crise est en réalité un enchaînement assez logique.

L’enchaînement mortifère que vous devez connaître par cœur

À la fin des années 90, il y a une croissance économique sans inflation… Un phénomène officiellement incompréhensible, en réalité parfaitement compris et lié aux facteurs déflationnistes que sont les débuts massifs de la mondialisation/délocalisation et les progrès techniques avec l’émergence d’Internet et des nouvelles technologies. Bref, tout cela va contribuer à la formation de l’une des plus grandes bulles : la bulle Internet. Son explosion en 2000 entraîne une grande crise économique. La FED baisse massivement les taux d’intérêt pour lutter contre la récession.

Puis vint le choc du 11 septembre 2001. Le monde est sidéré. L’économie à l’arrêt. Les taux sont mis à zéro… enfin presque, plutôt à 1 % !

Cela permet à l’économie mondiale de repartir progressivement mais sur la base d’un endettement monumentale et en créant une autre bulle… sur l’immobilier cette fois.

Tous les agents économiques s’endettent avec ces taux bas, l’immobilier explose à la hausse avant d’exploser tout court à partir de 2007 ! En 2008, c’est la crise des subprimes ! Elle est mondiale.

Les banques centrales mettent les taux à 0 ou presque, et les États déjà endettés font des plans de relance et deviennent désormais surendettés ! Sarkozy augmentera la dette de la France de plus de 600 milliards d’euros !!

Malgré l’enchaînement de QE, d’injections monétaires, de rachats d’actifs et autre LTRO, si la déflation ou la récession sont enrayées (mais à quel prix) la croissance ne repart pas. Elle cale.
De 2008 à 2016, il ne se passe pas grand-chose, que ce soit en Europe ou aux USA ou même en Chine dont le ralentissement est patent (-25 % d’exportations ce qui est colossal sur 12 mois). Pire, toutes ces politiques monétaires de l’argent gratuit et illimité vont faire naître et grossir les deux plus grosses bulles depuis l’histoire de l’humanité, à savoir une bulle à nouveau boursière mais plus grave, une immense bulle obligataire.

Or si pour ne pas s’exposer à une bulle boursière il suffit de ne pas détenir d’actions (ce qui est facile pour un Français, mais impossible pour un Américain dont la retraite par capitalisation est en grande partie investie en actions), il est impossible d’échapper à une bulle obligataire dans la mesure où toute épargne est une dette… donc une obligation. Et si l’on pousse le raisonnement, votre monnaie EST une dette. Si la bulle obligataire éclate, alors cela va pleurer ferme dans les chaumières où l’épargne est positive et les bas de laine remplis. Sans oublier la dette irremboursable désormais des États.

Alors quelle sera la prochaine étape ?

La prochaine étape sera évidemment tôt ou tard une immense crise obligataire sur fond d’insolvabilité plus ou moins généralisée des États.

En attendant, et pour essayer de repousser au plus loin l’inéluctable que personne ne veut affronter tant les conséquences seront terribles et effrayantes, les banques centrales du monde entier sont au chevet d’une économie totalement morte mais dont elles veulent faire croire à tous que le cœur bat encore et que l’espoir perdure.

L’économie mondiale actuelle est a peu près aussi fausse que celle de feu l’ex-URSS, ce qui est tout de même un comble pour des économies dites “libérales” !!

Après la BCE, d’autres banques centrales se réunissent : au tour de la Fed, la BoE et la BoJ

La Réserve fédérale devrait différer une hausse de taux, la Banque d’Angleterre devrait opter pour une grande prudence aussi dans un climat troublé par l’approche du référendum sur le Brexit – tout en sachant qu’elle a déjà promis tout plein de sous-sous gratuits pour le mois de juin.

Du côté de la Banque du Japon (BoJ), il ne devrait pas se passer grand-chose, mais ses taux sont déjà négatifs ; ils le seront encore plus dans quelques mois, mais il faut y aller progressivement… N’oubliez pas que les taux négatifs sont une taxe sur votre épargne. Il y a une limite à ne pas dépasser sans prendre le risque de créer une crise de défiance généralisée.

Et puis la décision de la Banque nationale suisse (BNS) est attendue pour jeudi et elle devrait laisser ses taux inchangés. Le problème c’est qu’elle souhaite toujours lutter au maximum contre la hausse du franc suisse et pourrait donc tout de même annoncer certaines mesures.

Enfin, côté chinois, il y a aussi la banque centrale de Chine qui pilote presque au jour le jour le niveau de sa devise, le yuan, alors que le pays subit un ralentissement majeur ainsi que le choc de l’internationalisation de sa monnaie.
À court terme, les banques centrales devraient continuer à pouvoir piloter un semblant de normalité au prix d’injections monétaires massives et de taux de plus en plus négatifs. Rien n’y fera.

L’économie est définitivement morte.

En attendant mes chers amis, préparez-vous, il est déjà trop tard !

Charles SANNAT

“Insolentiae” signifie “impertinence” en latin
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