Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,
Comme chaque mardi, j’étais l’invité d’Écorama où nous avons évoqué assez longuement la loi El Khomri sur le nouveau droit du travail. Vous pourrez voir la vidéo ci-dessous en replay pour celles et ceux qui le souhaitent.
Voici les réflexions que je souhaitais partager avec vous à ce sujet.
Pour améliorer le chômage, il faut une politique pour les créateurs et les entrepreneurs, pas une politique contre les salariés !
Il faut tordre le cou à de trop nombreux mensonges qui circulent soit par bêtise, soit par méconnaissance économique, soit encore par bassesse politique. La loi El Khomri n’a en aucun cas pour objectif de faire baisser le chômage, même si c’est ce que l’on va vous jurer le cœur sur la main.
Cette loi n’a qu’un seul et unique but : c’est d’amorcer un processus plutôt assez violent et de rupture afin d’aligner le droit social français sur le moins-disant chinois. C’est une grècification sociale de notre pays et cela ne fera pas baisser d’un iota le chômage.
Si la réduction du temps de travail n’a pas forcément d’effet et dégrade la compétitivité ou peut la dégrader, il n’en reste pas moins vrai qu’augmenter le nombre d’heures de ceux qui travaillent déjà a une conséquence immédiate : celle de favoriser l’augmentation du chômage puisqu’une entreprise va préférer faire travailler plus ceux qui sont là plutôt qu’aller en chercher d’autres qu’il faudra aussi payer et qui peuvent même faire passer à l ‘entreprise certains seuils et déclencher d’autres obligations.
Ce phénomène est très visible avec l’allongement de la durée de cotisation. On part plus tard à la retraite, donc il y a moins de remplacements de seniors donc plus de chômage.
Favoriser l’entrepreneur !
Si je persiste à dire qu’à moyen terme la bataille de l’emploi est déjà définitivement perdue pour la simple et bonne raison que nous arrivons dans un monde où notre besoin en main-d’œuvre va décroître de façon considérable parce que presque toutes les tâches de fabrication et bien d’autres pourront être réalisées massivement par des robots ou des ordinateurs, nous pouvons gagner du temps et accompagner de façon plus dynamique ce mouvement qui est un changement majeur de paradigme.
Comment ? Le problème n’est pas le CDI ou le fait de limiter les indemnités de licenciement. Cela fait belle lurette que les entreprises hypocrites comme il faut organise le turn over en se félicitant publiquement de recruter encore et encore, oubliant de préciser que ce qui compte ce n’est pas le nombre d’embauches mais le solde “entrées/sorties”… Si les entreprises recrutaient vraiment, le chômage baisserait. Or si elles annoncent toutes la création de 1 000, 2 000 voire 5 000 postes, c’est qu’en réalité elles organisent ce turn over pour faire en sorte d’avoir des salariés qui ont moins de 5 ans d’ancienneté et qui sont bien sûr en CDI car il est beaucoup moins coûteux de licencier un CDI de deux ans d’ancienneté que d’embaucher un CDD de 18 mois !!
L’idée c’est donc au lieu de supprimer et de rendre plus compliqué le régime de l’auto-entrepreneur de l’étendre et même d’augmenter les seuils car il est en réalité absurde d’empêcher les artisans d’y avoir accès. On pourrait imaginer que jusqu’à 300 000 euros de CA, l’auto-entreprise et sa simplicité d’origine serait la norme.
Si vous rajoutez à cela l’absence de charge à vie pour toute personne au chômage recrutée en CDI, alors vous allez créer un appel d’air très important.
Dans notre pays, on considère la PME comme l’ennemi et on déroule le tapis rouge aux grands groupes qui ne créent plus un seul emploi. Les emplois de demain se trouvent essentiellement dans le tissu de PME, PMI et de TPE ; toute politique pertinente contre le chômage passe par le fait de simplifier la vie des entrepreneurs d’en bas plutôt que de la leur pourrir avec des contrôles fiscaux, sociaux, avec des normes et des règles qui sont tellement nombreuses qu’il est matériellement impossible de les respecter toutes !
Le choc de simplification est une vaste fumisterie qui n’accouche même pas d’une souris puisqu’au moment où j’écris ces lignes, chaque jour nos députés, qu’ils soient nationaux ou européens, s’évertuent à légiférer sur tout ce qu’ils peuvent encadrer.
La mondialisation c’est l’ajustement vers le bas !
Ne soyons pas naïfs : l’idée de faire travailler plus sans payer plus précède l’idée qui consistera après à baisser les salaires, puis à baisser les droits, puis à les supprimer. C’est ce processus qui est à l’œuvre et il est la conséquence d’une mondialisation que nos élites nous ont forcés à accepter et qui va évidemment à l’encontre des intérêts des peuples.
Les mamamouchis pensent qu’ils ne risquent rien parce que l’idéologie communiste a été un échec. Il n’y a donc aucune alternative crédible au néolibéralisme.
Sauf que cela est une énorme erreur. Nous voyons d’ailleurs l’émergence de la future idée qui viendra lutter contre les dérives fascistes du totalitarisme marchand.
Cette idée, qui ne sera pas une idéologie mais bien une autre idée d’un autre monde, s’articulera autour d’un retour à la terre, des valeurs de fond d’humanité et d’écologie. Cette idée, pour le moment, est juste balbutiante, c’est une jeune pousse, verte, pleine d’espoir pour nous tous. Un autre monde est parfaitement possible.
En attendant mes chers amis, préparez-vous, il est déjà trop tard !
Charles SANNAT
“Insolentiae” signifie “impertinence” en latin
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« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes » (JFK)
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