La situation du Liban est très complexe, et le pays au Cèdre est situé dans une région où il y a “bien trop d’histoire, et trop peu de géographie”, alors, la population libanaise est très largement victime de sa situation géographique. Voici pour ce qui s’impose au Liban et aux Libanais.
Pour le reste, le pays a par lui-même créé de terribles fragilités qui le hantent depuis maintenant presque 50 ans.
La classe politique libanaise, désunie, toujours au bord de la guerre civile et de l’explosion est un véritable frein au développement de ce pays si riche de sa population, si attachant et si proche de nous.
Ne nous moquons pas du Liban.
Ne soyons pas condescendants envers le Liban et nos amis Libanais.
Les fragilités de ce pays devraient nous faire réfléchir et penser les nôtres avec une grande sagesse et une infinie pondération.
Charles SANNAT
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À bout, les Libanais rêvent d’émigrer : « on n’a ni eau ni électricité, le Liban est un pays du tiers-monde »
Face à l’effondrement économique du pays, le Liban est confronté à une émigration de plus en plus importante de sa population. Amers, certains quittent le pays pour rejoindre des proches à l’étranger. Après avoir accueilli de nombreux réfugiés, le Liban est lui-même devenu un pays dans le besoin, témoigne Firas, jeune libanais.
« Qui voudrait rester dans un pays comme le Liban ? Il n’y a plus rien. Même les chiens vivent mieux que nous », se désole Firas au micro de Sputnik.
Au Liban, la crise économique est sur le point de faire déborder le vase. Contrée d’accueil, le pays du Cèdre se transforme à nouveau en terre d’émigration. Les derniers chiffres montrent que les départs s’accumulent: depuis 2018, le nombre d’émigrants a quadruplé.
Le quotidien libanais Al-Modon décrit un phénomène de grande ampleur: «les chiffres montrent que la vague d’émigration actuelle est la plus importante depuis les années 1970, soit après celle ayant suivi le déclenchement de la guerre civile (1975-1990). » En effet, sur fond de crise économique et politique, de plus en plus de Libanais évoquent la possibilité de quitter le pays. «La situation aujourd’hui ne nous laisse pas le choix», témoigne Firas, qui vient tout juste d’empocher un master en marketing.
« Le seul point positif dans cette crise, c’est que nous sommes tous logés à la même enseigne. Ce n’est pas confessionnel, c’est national. Chaque famille, chrétienne ou musulmane galère pour se nourrir », souligne le jeune libanais.
L’économie libanaise est littéralement exsangue. « Chaque semaine le peuple descend d’un palier», rapportait l’analyste Najib Fayad. Assurément, tout le pays s’effondre: la livre libanaise a dégringolé à 13 000 pour un dollar au marché noir, plus de 50 % de la population est au chômage et le salaire minimum a perdu 84% de sa valeur. « On veut vivre comme à Paris ou à Londres, mais on a ni eau ni électricité, le Liban est un pays du tiers-monde », constate Firas avec amertume. Selon les indicateurs économiques, le salaire minimum libanais est désormais inférieur à ceux du Bangladesh et des Philippines. Résultat, cet enchaînement de crises socio-économiques a pour conséquence l’émigration d’une partie de la société civile libanaise.
14 millions de Libanais vivent déjà à l’étranger
Le phénomène d’émigration libanaise, pourtant peu connu jusqu’alors, est en pleine augmentation depuis l’explosion du port de Beyrouth le 4 août dernier. Cette catastrophe a en effet entraîné la destruction de plusieurs quartiers de la capitale et bon nombre d’habitants ont alors décidé de quitter le pays. On dénombre en effet 45.000 départs dans les mois qui ont suivi le drame. « Dans chaque famille, le sujet d’un départ est abordé », relate le jeune Firas.
« Nombreux sont les jeunes comme moi, diplômés, sans travail, vivant chez leurs parents. Je ne souhaite qu’une chose, c’est de pouvoir aider mon père pour ramener de l’argent à la maison. Mais il est même impossible de trouver un petit job. Donc automatiquement, se pose la question d’un départ », explique-t-il.
En effet, estime-t-il « seuls les riches peuvent partir, les autres sont voués à rester.» Pourtant, même des familles parmi les plus démunies tentent de rejoindre les côtes chypriotes sur des embarcations de fortune. Les garde-côtes libanais essayent cependant d’empêcher, tant bien que mal, cette migration clandestine. Un combat sans doute perdu d’avance: «ce phénomène est voué à durer tant qu’il n’y aura pas d’amélioration des conditions de vie», pense Firas.
Des hôpitaux en manque de personnel
Pour ceux qui en ont les moyens, le dilemme ne dure jamais longtemps. Le choix de l’expatriation est rapidement fait, d’autant plus qu’ils ont généralement «des proches à l’étranger».
Le Liban est connu pour son importante diaspora à travers le monde. Le pays du Cèdre compte environ six millions d’habitants, mais 14 millions de citoyens libanais résident dans plus de 70 pays. De fait, lorsqu’ils émigrent, les nouveaux exilés rejoignent généralement la France, le Canada, l’Afrique de l’Ouest, mais également le Brésil, où l’on recense pas moins de huit millions de Libanais.
Mais le problème sous-jacent à cette émigration est la fuite des cerveaux. « Si les diplômés ont une opportunité à l’étranger, bien évidemment qu’ils l’acceptent, la question ne se pose même pas », nous explique Firas. En effet, en raison de l’effondrement économique, de nombreux médecins et infirmières quittent le pays. Ainsi plusieurs hôpitaux viennent-ils à manquer cruellement de personnel.
Pays refuge pour les minorités ou les déplacés, le Liban semble devenir lui-même un pays d’émigration : « c’est un comble […] après avoir accueilli la misère de la région, notre pays est lui-même synonyme de misère », s’énerve le jeune libanais.
Syriens, Irakiens, Kurdes et Palestiniens au Liban
En effet, depuis le début de la crise syrienne en 2011, le Liban a accueilli jusqu’à deux millions de réfugiés, soit pratiquement un tiers de sa population. Bien qu’il soit difficile d’obtenir un recensement précis, on estime aujourd’hui leur présence à environ 1,5 million. Par le passé, le Liban avait également accueilli des Irakiens, des Kurdes et des Palestiniens. Ainsi, en fonction de la conjoncture le pays du Cèdre subissait les bouleversements régionaux.
« Je n’ai rien contre mes frères syriens, mais aujourd’hui on a l’impression de se sentir réfugié dans notre propre pays. Ils vivent quasiment mieux que nous, ils reçoivent des aides », constate Firas, désespéré.
Le 30 mars dernier, l’Union européenne a organisé une réunion à Bruxelles pour venir en aide à la Syrie et aux réfugiés syriens. Même si le montant souhaité n’a pas été atteint, la conférence a permis de récolter pas moins de cinq milliards de dollars pour assister les pays d’accueils (Jordanie, Turquie, Liban) dans la gestion des réfugiés. Les Libanais, eux, semblent bien démunis.
« Le peuple meurt de faim, on se bat pour du lait dans les supermarchés, nos politiques sont divisés et nos voisins nous tournent le dos. Le Liban est comme un bateau qui coule et plusieurs Libanais quittent le navire avant qu’il ne soit trop tard », conclut le jeune libanais en plein désarroi.
Source Agence de presse russe Sputnik.com ici
Bonjour. On va bientôt les rejoindre!!!!
Oh surprise…
Ce type d’opération porte un nom, qu’on refuse de prononcer dans les chancelleries: épuration ethnique. C’est la forme moderne: plus besoin d’exterminer les peuples, il suffit d’augmenter la pression pour faire fuir les habitants. Ils ne fuient pas les bombes, et ils partent volontairement. Les remplaçants sont déjà sur place.
Je me demande la raison profonde de cette situation, qui l’a créée, pourquoi on laisse faire? Par faiblesse, par corruption, ou est-ce prémédité? Et pour quelle raison?
Ça va être compliqué pour Carlos ,vu ce que coûte une cavale….
Bonjour Charles,
Vous avez raison, cette situation est injuste, d’autant plus que les Libanais ont un niveau culturel élevé, sont très travailleurs et excellent dans le commerce.
Vous avez également raison de nous comparer au Liban, victime en grande partie de la corruption de ses dirigeants politiques.
Un avant goût de ce qui nous attends…
Remarquez, on y est déjà au Liban : les hôpitaux et services publics ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes, Les distributeurs de billets ferment les uns après les autres (manque plus que la Banque de France s’enferme derrière un beau mur en béton armé… de soldats… et de barbelés), il y a de plus en plus de pauvres et disparition des classes moyennes..
Bon d’accord, nous on se bat pour le dernier “aïe-faune” ou du “nu-tel-là” comme des “chacaux” (un chacal, des “chacaux”, c’est bien connu ^^)
En somme, la vie est un long fleuve tranquille … ou pas ! 😉
Nous vivons “une époque formidable” (cf. le film avec Jugnot)
Juste terrible. Et dire que ce pays, dans le début des années 70, était vu comme la Suisse du moyen orient.
Un pays qui coule avec 6 millions d’habitants qui recueillent 2 millions de réfugiés…le futur de l’Europe est tout tracé…
BONJOUR Je rejoins Pierre 82 et SC .Il s’agit d’un plan demalveilance,maintenant au niveau mondial,organisé de main de maître,qui ne date pas d’hier.Les premiers indi-ces ?dès le premier choc pêtrolier,des années 73.74 .Ensui te l’enchaînement de situations préméditées,facilitées, par le manque de courage politique,la couardise entretenue,par la corruption ,ies interventions d’organismes ou confréries ,discrètes,mais influentes .Nous en avons les preuves , chaque jour,et par tous les moyens !
C’est le moment d’investir au Liban.
Le liban, victime de la corruption de ses dirigeants, cette mais surtout victimes des guerres américaines qui ont déstabilisé ce pays ( flux de réfugiés…)
La France est déjà libanisée.
Balkanisation sociale.
Paupérisation économique.
disparition de la classe moyenne.
ethnicisation et séparatisme.
corruption généralisée de la sphère politique.
résignation.
émigration des jeunes diplômés.
Immigration de population non formées.
etc.
..dans les années 1975-1980 j’ai travaillé avec un client libanais alors en poste en arabie saoudite.
Il m’avait montré une cassette vidéo du père jésuite Moynet qui expliquait que le Liban (la Suisse du moyen orient) avait recueilli tous ses voisins , Kurdes , Druses,etc…
mais après qques années , beaucoup d’immigrés on voulu influencer le pouvoir en place (assez instable) et ont commencé de mettre à bas le système libanais de l’instruction civile , des infrastructures du pays , les trains ont déraillé,les universités on été saccagées etc…
on connait la suite,malheureusement.
Dans leur bonté d’âme les Libanais n’étaient pas assez vigilants , angéliques en qque sorte….
…j’en connais d’autres…
Hélas un pays riche que l’on empêche de profiter de ses richesses, ce n’est pas nouveau sous le ciel !
On exerce des pressions pour pousser à la guerre civile, le Liban a déjà donné. Donc, reste que la pression financière. Cela fait des années qu’il subit le chantage du FMI.
Dernièrement, la France (avec son copain étoilé!) menace de sanctions et conditionne les “dons” engrangés lors d’énièmes réunions d'”amis” à plus d’austérité, plus de soumission !!!
Oui il y a des corrompus, oui cela n’est pas reluisant, oui il faut lutter contre mais que les ingérences étrangères cessent pour que cela puisse être possible…
Les banques libanaises ont provoqué la faillite de leur propre pays, la France est exposé aux mêmes risques!
Ni condescendance ni “pitié”. De la compassion pour les plus démunis , toujours victimes , mais aucune “excuse” pour un pays corrompu , où la classe politique est le reflet le plus “noir” de la population . Emigrer est la solution de facilité pour les plus aisés .Laisser le pays aux mains des gangsters politiques est aussi une forme de lâcheté et de “m’en foutisme” !
Sauf pour les milliardaires Libanais qui eux ont eut leurs fortunes prospéré…
Immigrés accueillis au Liban ? Non, imposés ! Israël a littéralement gavé le Liban sud des palestiniens qu’il ne voulait plus. L’UE paye le gouvernement libanais pour qu’il se laisse envahir par des milliers de familles de migrants syriens qui occupent des zones entières dans la plaine de la Bekaa. La fin du Liban, c’est un concurrent en moins en Méditerranée orientale : gisements gaziers et pétroliers trustés par Israël et la Turquie.
“Après avoir accueilli de nombreux réfugiés, le Liban est lui-même devenu un pays dans le besoin, ”
Liban d’aujourd’hui, France de demain.
@Pierre 82. Le déclencheur de la crise a été la faillite financière : état et entreprises surendettés, banques insolvables faute de provisions suffisantes.
Cela ne ressemblerait-il pas à ce qui se passe chez nous ? La différence tient au fait que l’euro, le dollar sont “trop gros pour faire faillite” et que les acteurs financiers continuent à leur faire confiance malgré la création monétaire. Alors que la livre libanaise… Passé un certain seuil la confiance a disparu et tout le monde a voulu récupérer son argent.
Pour les responsables, ils ont failli par faiblesse, avidité et corruption.
@Nox
Je partage votre analyse. Sans l’euro, la France aurait été obligée de se ressaisir sous peine de décrocher violemment, mais grâce à cet euro, on peut continuer à faire semblant que tout va bien.
Les Libanais n’ont pas eu cette chance, et en plus, ils sortent de 50 ans de guerre civile, tantôt ouverte, tantôt larvée.
Mais le sort du Liban nous attend, au moins au niveau financier. Au point de vue ethnique, on a au moins la chance de ne pas être voisin de pays instables, ce qui nous rend, malgré les apparences, moins vulnérables à des immigrations de masse. Pour l’instant.
Je partage votre analyse. Sans l’euro, la France aurait été obligée de se ressaisir sous peine de décrocher violemment, mais grâce à cet euro, on peut continuer à faire semblant que tout va bien.
Les Libanais n’ont pas eu cette chance, et en plus, ils sortent de 50 ans de guerre civile, tantôt ouverte, tantôt larvée.
Mais le sort du Liban nous attend, au moins au niveau financier. Au point de vue ethnique, on a au moins la chance de ne pas être voisin de pays instables, ce qui nous rend, malgré les apparences, moins vulnérables à des immigrations de masse. Pour l’instant.
Epuration en cours, les élites fuient le pays depuis des années, maintenant place au peuple. Le pays d’orient comportant le plus grand pourcentage de chrétiens est vidé comme un poulet en raison d’une économie et d’une vie politique gangrénées par plusieurs décennies d’accueil d’immigrés pas toujours bienveillants et plus particulièrement par le Hezbollah visant à imposer un régime islamique chiite. C’est une colonisation progressive sur laquelle nos bobos penseurs intellos décolonialistes font l’impasse, préférant nous parler des odieux colons blancs du siècle dernier……
Le Liban a toujours été l ‘ objet de convoitise de la Syrie qui y régnait en maître par chefs religieux interposés .
La Syrie revendique la souveraineté sur ce pays dont les aïeux étaient les célèbres Phéniciens ! Aujourd ‘ hui c ‘ est l ‘ Iran Chiite qui lorgne dessus ! Pourquoi ??
Question : quelle population quitte la pays , qui reste ??
“Emigrer est la solution de facilité pour les plus aisés .Laisser le pays aux mains des gangsters politiques est aussi une forme de lâcheté et de « m’en foutisme » !”
mais quel Hypocrite ! trop facile de critiquer les autres avec un oeil complètement ignorant leurs circonstances… avant de faire ton christine lagarde et donner des lessons aux autres peuples, commence par apprendre certaines des plus fondamentaux des leçons, à savoir, l’humilité, le recul, la sagesse et savoir épurer soi-meme de ses propres défauts avant de la jeter la 1ère pierre sur les autres.
– est tu jamais arrivé à un tel point critique dans ta vie, qui t’a amené à prendre de tels décisions de quitter tout à savoir ta maison, ta famille, tes proches et de recommencer tout ailleurs ?
– que ferais-tu , si ton pays submit un sort pareil ? descendras-tu dans la rue avec ton bleu-blanc-rouge pour manifester et crier “vive la liberté, vive la révolution” , seras tu même prêt à salir tes mains dans du sang ou à saigner pour ta propre liberté ou bien feras tu tes valises pour aller dans des cieux plus cléments?
– que feras-tu, si tu es plein de rêves, d’ambitions et de motivations pour améliorer ton avenir, et que quoi que tu fasses ou quoi que tu dis, on va toujours chercher à t’empêcher de les réaliser ou dans le meilleurs des cas, on va se moquer de toi ?
oui , le liban est rongé par la corruption , non seulement par sa caste politique de chefs de clans confessionels milliardaires, et aussi par une certaine partie de sa population( oui et j’en connais quelque chose la dessus, ayant vécu la bas). et alors ? vous allez me dire qu’on en déborde de gens pleins de bonté et de bonne foi dans ce pays ? la corruption elle est de partout et à tous les niveaux et tous les classes, dans tous les pays.
Enfin, Merci Charles pour cet article plein d’objectivité, de bienveillance, de sympathie envers le peuple du Cèdre.
Puisse ceci nous rappeler de ce qui peut nous arriver ici en europe, si on n’arrive pas d’être dans le déni et de se considérer meilleurs que les autres.
et je vous rejoins à 100% sur ces phrases :
“ce pays si riche de sa population, si attachant et si proche de nous.
Ne nous moquons pas du Liban.
Ne soyons pas condescendants envers le Liban et nos amis Libanais.
Les fragilités de ce pays devraient nous faire réfléchir et penser les nôtres avec une grande sagesse et une infinie pondération.”
A Vova,
J’ai retrouvé de très anciennes cartes postales où il était écrit Beyrouth / Syrie…
Alors, le Liban “toujours objet de convoitise” de la Syrie ???
@Aline : Après le démantèlement de l ‘ Empire Ottoman en 1916 , les Français et les Britanniques ont redessiné les cartes de la région : la Syrie et le Liban – sous le vocable « Syrie » – étaient administrés par la France ; ce n ‘ est qu ‘ à partir de 1920 que le Liban acquit son indépendance et prit sa forme actuelle , au grand dépit de la Syrie ! Allez voir sur Wikipedia , c ‘ est intéressant !