L’un des principaux arguments face au fichage systématique souhaité par les services de l’Etat consiste à dire que nous acceptons bien volontairement d’être fiché aussi bien par les GAFA et les réseaux sociaux qui savent plein de choses sur nous, que par les cartes de fidélité des grandes surfaces par exemple.

C’est vrai.

Mais il y a une différence majeure.

Facebook, ou Twitter, même s’ils peuvent vous couper la chique virtuelle et supprimer vos comptes, n’ont pas de pouvoir de police contre vous.

Ils ne peuvent ni perquisitionner votre domicile, ni vous envoyer devant un juge, ni procéder à votre arrestation ou à votre embastillement.

C’est parce que l’Etat a l’exercice de la force dite “légitime” (notion à laquelle je n’adhère pas et à laquelle je préfère l’idée de violence indispensable pour mettre fin à des agissements encore plus dangereux), que l’on doit encadrer avec une grande précision ses capacités à ficher, à surveiller.

Voici ce que nous dit le dernier article consacré à ce sujet du site Euractiv.fr

Le « nécessaire état des lieux » du fichage en France

“Le dernier rapport parlementaire publié à ce sujet dénombrait 106 fichiers en France 

Alors que les questions de protection de la vie privée reviennent sur le devant de la scène en France, avec notamment la proposition de loi relative à la sécurité globale, le Sénat a discuté du sujet la semaine dernière en proposant une séance portant sur le « nécessaire état des lieux des fichiers dans notre pays ».

Sommes-nous trop fichés en France ? La question a été abordée la semaine dernière (10 février) en séance par les sénateurs, faisant écho aux inquiétudes d’organisations et alors que plusieurs précédents ces derniers mois laissent penser que le contexte sécuritaire prendrait le pas sur le contexte sanitaire.

Le fichage de la population consiste à recueillir, et parfois conserver, des renseignements sur les individus avec un objectif d’identification, administratif ou de surveillance.

En 2018, un rapport parlementaire faisait état de 106 fichiers en France — contre 58 en 2009 — mis à disposition aux services administratifs et de police/gendarmerie. Si la multiplication des fichiers est parfois justifiée par le cloisonnement nécessaire entre eux, Bastien Le Querrec de la Quadrature du Net souligne auprès d’EURACTIV France que « le fait qu’il y ait beaucoup de fichiers ne veut pas dire qu’ils sont petits ».

Mercredi dernier, la sénatrice du groupe communiste républicain citoyen et écologiste Eliane Assassi, à l’origine de la discussion, s’était inquiétée face à la « multiplication » et la « massification » des fichiers en France, qu’elle considère comme des « outils de déshumanisation ».

Si la question est parvenue jusqu’au Sénat, c’est qu’elle n’est pas sans lien avec l’actualité et prend racine dans des précédents récents que certains jugent inquiétants.

Le 2 décembre dernier, trois décrets gouvernementaux (à retrouver ici, ici et là) ont davantage élargi les principaux fichiers de renseignement des services de police et de gendarmerie (« Prévention des atteintes à la sécurité publique », « Gestion de l’information et prévention des atteintes à la sécurité publique » et « Enquêtes administratives liées à la sécurité publique »).

En plus d’étoffer les informations susceptibles de pouvoir être renseignées sur ces fichiers, la collecte de données est désormais autorisée quant il s’agit des « opinions politiques, des convictions philosophiques, religieuses ou une appartenance syndicale ».

Une lente dérive.

Je me souviens d’un temps où la délation était très mal vue, car la guerre était encore très présente dans les mémoires.

Ceux de ma génération, les plus de quarante ans, nos grands-parents avaient connu la guerre et ses cortèges de terribles conséquences. Nos professeurs avaient la même expérience.

Dénoncer, ficher, était vu comme un immense danger pour la démocratie.

“Imaginez qu’Hitler tombe sur tous ces fichiers ?”

Il faut donc une absence de fichier pour être certain que cela ne puisse jamais tomber entre de mauvaises mains.

Les choses ont bien changé.

Désormais, on fichera n’importe quel type ou fille parce que syndicaliste…

Terrible.

Effroyable recul des libertés politiques.

Charles SANNAT

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Source Euractiv.fr ici

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