“On constate que les besoins de financement au niveau de la zone euro (qui, faut-il le rappeler, n’est pas l’UE en tant que telle) devraient se monter au minimum à 1 135 milliards d’euros, si l’on en croit les experts d’UniCredit pour 2020 (sur la base d’un PIB de la zone euro de 10 316 milliards d’euros après la crise du coronavirus). Il n’est pas impossible que le besoin de financement s’élève en réalité à 1 300 milliards. Pour 2021, et sous réserve que la croissance soit bien de 10 %, le besoin de financement atteindrait encore 454 milliards, pour un total de 1 590 à 1 755 milliards”…
On parle donc ici de plus de 1 300 milliards d’euros pour les pays européens. Pourtant je pense que, comme beaucoup des chiffres donnés en première intention, ils sont très largement en dessous de la réalité.
Souvenez-vous au pire de l’année 2008 lorsque la Lehman fait faillite, la FED avec des accords de swap va alimenter de 20 000 milliards de dollars les banques américaines mais également européennes avec plus de 8000 milliards versés sur le vieux continent.
Alors vu la gravité de la crise d’aujourd’hui, les sommes engagées seront encore plus importantes.
Nous sommes face à un défi économique considérable.
Charles SANNAT
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Crise économique du coronavirus: vers la «mère de toutes les récessions»?
Énormes incertitudes
Ces différentes estimations divergent, et c’est tout à fait normal, en raison des énormes incertitudes qui planent sur la crise que nous connaissons. Incertitude tout d’abord sur la durée du confinement. L’Insee a établi ses calculs sur un à deux mois de confinement, l’OFCE sur un mois, et les chercheurs d’UniCredit sur trois. Incertitude ensuite de ce qui prime: est-ce une contraction de la demande, comme le pense l’OFCE, ou bien une contraction de l’offre, comme l’estime l’Insee?
Cette contraction de l’offre n’affecte d’ailleurs pas également les différents secteurs de notre économie. Si dans les services, le télétravail est largement utilisé, on peut cependant douter qu’il se fasse avec la même productivité qu’au bureau. Bref, si l’on est sûr que la production s’est réduite d’au moins 35% avec le confinement, il n’est pas impossible, loin de là, que l’on soit même tombés plus bas. Une chute de plus de 40% est parfaitement concevable, car les entreprises qui tournent pendant le confinement sont très loin d’opérer à plein régime.
Un autre point d’incertitude est à relever. Dans quelles conditions se fera la sortie du confinement? Sera-t-elle rapide, ce qui est l’hypothèse de la Banque de France et d’UniCredit, ou sera-t-elle lente? Bien des observations que l’on peut faire aujourd’hui militent en effet pour une sortie lente du confinement, avec les conséquences économiques que l’on imagine.
Quel sera donc l’impact sur le PIB annuel? L’Insee et la Banque de France tablent sur une baisse de 0,75% par semaine, soit -3% pour quatre semaines, -6% pour 8 semaines. L’OFCE est un peu plus optimiste, et table sur -2,6% pour un mois. UniCredit se montre bien plus pessimiste, avec une chute du PIB de -4,6% par mois.
Or de tels chiffres auront des conséquences sociales évidentes. Si, pour les salariés, le chômage partiel permet de limiter l’impact de l’arrêt de la production, il n’en va pas de même pour les travailleurs indépendants et pour les auto-entrepreneurs, qui risquent d’être les grandes victimes du confinement. De très nombreuses PME et TPE risquent de faire faillite. Une étude sur l’Italie estimait le nombre de ces faillites à 12% du nombre des PME, très importantes chez notre voisin transalpins. De fait, si la réduction de l’offre prime probablement pour la période du confinement, c’est la question de la demande qui se posera dès que l’on en sortira.
Explosion du déficit budgétaire
Reste alors une question: quelles seront les conséquences financières de cette crise? Le déficit budgétaire va exploser en 2020. Or on ne pourra pas augmenter les impôts en 2021 sous peine de casser le processus de retour à la normale. Un financement monétaire de ce déficit par la BCE va probablement s’imposer. Mais, on le sait, la réunion de l’Eurogroupe des 7 et 8 avril a abouti à un relatif échec: les pays de la zone euro n’ont pu se mettre d’accord ni sur les «coronabonds» ni sur l’assouplissement des règles de la BCE.
Source Agence de presse russe sputnik.com ici