La semaine dernière, pour annoncer la fin… provisoire de cette série de billets destinés à comprendre les interactions entre l’élection de notre nouveau Président et nos patrimoines, je concluais ainsi :
« Cela implique pour vous de passer un peu de temps à «digérer» les informations que j’ai plaisir à rechercher et vous communiquer par le biais de mes billets. Soyez bien conscient que celles-ci, sans être secrètes, sont peu diffusées et totalement absentes des «JT de 20 heures».
Il est, à mon sens, absolument indispensable de vous montrer le dessous des carte» de la situation actuelle, avant de faire de la prospective plus concrète et d’en tirer des enseignements pour la préservation, voire le développement de vos patrimoines, sujet que j’aborderais la semaine prochaine pour clore (provisoirement) cette série de billets. »
Nous avons vu ensemble les « distorsions » entre « les annonces politiques nationales » et « la feuille de route » à tenir. Le récent conseil européen des 22 et 23 juin dernier, le premier pour notre nouveau président, me donne l’occasion de vous illustrer le rôle des « merdias » dans la manipulation des opinions publiques.
Commençons par le document officiel de conclusions, tel que publié le 23 juin par le secrétariat du conseil. Je vous résume ici quelques résultats de cette réunion, comme détaillés sur le site officiel (les soulignements sont de mon fait, pour étayer mon analyse, plus loin dans ce billet) :
Sécurité et défense :
Les dirigeants de l’UE ont fermement condamné les attentats terroristes qui ont été perpétrés récemment.
Le Conseil européen est également convenu de la nécessité de lancer une coopération structurée permanente qui soit inclusive et ambitieuse afin de renforcer la sécurité et la défense de l’Europe.
Le Conseil européen a accueilli avec satisfaction la communication de la Commission relative à un Fonds européen de la défense et attend avec intérêt sa concrétisation rapide.
Emploi, croissance et compétitivité :
Il est prévu que les dirigeants réaffirment leur engagement en faveur d’un système commercial multilatéral fondé sur des règles, ainsi que du libre-échange et des investissements, tout en s’assurant que ce système est également équitable et que les avantages sont réciproques.
Voyons ces points avec le prisme « saint Macront » de nos « illusionnistes favoris » :
Admirez la « production lénifiante de France Info »
Les commentaires de Bernard Guetta, chroniqueur à France Inter, sont un peu plus « diplomatiques » : « Ce fut donc «non», un «non» enrobé dans une formule disant que le Conseil «reviendra sur cette question lors d’une de ses prochaines réunions», mais un «non» dont Emmanuel Macron pouvait pourtant se féliciter »… « Allemagne en tête, les Européens ont viré de bord et Emmanuel Macron qui avait senti le vent tourner est apparu comme l’artisan de ce retournement. «Il faut en mesurer la portée historique», s’est-il contenté de dire, car il n’y avait pas besoin là de grands mots tant cette portée est réellement historique. »
Le Monde, après un titre conforme à sa ligne éditoriale «Conseil européen : avec Macron, l’Europe met en scène son sursaut », le quotidien apparaît, pour une fois, mesuré : « Pourquoi changer une formule qui gagne ? Pour son premier Conseil européen, qui se tenait jeudi 22 et vendredi 23 juin, Emmanuel Macron a importé sur la scène bruxelloise les recettes qu’il a appliquées avec succès pour la conquête du pouvoir en France (…) La méthode Macron a quand même buté sur la complexe réalité bruxelloise. »
Le journal Les Échos y va aussi de son satisfecit : « Le climat était marqué par le retour de l’optimisme, et ce sommet a permis de réelles avancées.
Même Le Figaro s’extase devant les succès de notre président : « Le président français s’est félicité lors d’un point presse à l’issue du Conseil européen des avancées obtenues sur l’Europe de la Défense. Il les a même qualifiées «d’historiques». ”
Comparons « objectivement » les faits. Je vous laisse le soin de vous faire votre propre opinion :
Pour ce qui est des travailleurs détachés, notre président s’était engagé durant sa campagne et lors de sa visite aux chantiers STX à Saint Nazaire : « la directive européenne sur les travailleurs détachés sera prochainement corrigée ».
Le conseil acte : il est prévu que les dirigeants réaffirment leur engagement en faveur d’un système commercial multilatéral fondé sur des règles.
Pour ce qui est des mesures pour lutter contre le « dumping » chinois, notre président, lors d’une intervention à l’assemblée nationale, alors qu’il était ministre des Finances, déclarait « il n’y a aucune raison que l’Europe ne se protège pas pour préserver ses capacités de production. Il faut améliorer de toute urgence la protection contre les pratiques de dumping, en particulier chinoises et asiatiques ».
Le conseil acte : il est prévu que les dirigeants réaffirment leur engagement en faveur d’un système commercial multilatéral fondé sur des règles, ainsi que du libre-échange et des investissements, tout en s’assurant que ce système est également équitable et que les avantages sont réciproques.
Concernant l’Europe de la défense, le conseil acte « la nécessité de lancer une coopération structurée permanente », autrement dit, il reprend trait pour trait la réflexion sur « le plan d’action européen de la défense » lancée le 14 septembre 2016 par le président de la Commission européenne, lors de son discours sur l’état de l’union.
En ce beau début juillet, il est bon de rappeler que la majorité des crises mondiales surgissent l’été. Pour beaucoup, 2017 n’échappera pas à cette loi des séries. Les risques et les signes de tensions politiques et financières s’accumulent. La guerre des monnaies fait rage et les USA sont « prêt à tout » pour que le « roi dollar » conserve son hégémonie. Prêt à tous signifie clairement qu’un conflit armé est souhaité par des stratèges américains qui continuent de « chatouiller » la Russie avec le feuilleton de l’Ukraine et de provoquer la Chine en mer de chine.
Sur le plan intérieur, Emmanuel MACRON se retrouve à gérer un « budget pourrit », cadeau de départ de François HOLLANDE à son successeur, mais aussi et surtout à nous, qui allons devoir payer les innombrables « pots cassés ». Il est vrai que l’ex-président, « comme tout le monde », s’attendait à la victoire de la droite aux élections présidentielles. Cela ne doit pas être « un souci » pour lui, maintenant qu’il perçoit une retraite de 15 000 € net par mois. Souvenez-vous que le président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, Gilles Carrez, lors des discutions sur la loi de finance pour 2017, déclarait : « La marque de fabrique de ce projet de budget pour 2017 : on gonfle les recettes à encaisser en 2017 et on reporte au maximum les dépenses sur 2018 et au-delà. »
Mais, en coulisses, c’est un autre combat, beaucoup plus « feutré » qui a lieu. Il est important d’en prendre conscience, tant son issue va avoir de répercussions sur nos patrimoines. Un point particulier est à retenir dans la carrière d’Emmanuel MACRON. C’est un ancien membre de l’inspection générale des finances (IGF). Dans mon billet du 28 février 2014, j’ai eu l’occasion de vous entretenir des « aller/retour » de ces hauts fonctionnaires entre des postes clés dans les cabinets ministériels et les directions générales d’établissements financiers. C’est dire l’influence de ces « hauts personnages ».
Benjamin Griveaux, retenez bien ce nom : sa véritable carrière ne fait que commencer. Il fait partie de la « garde rapprochée » du président. À peine élu député à Paris, il est nommé « secrétaire d’État auprès du ministre des Finances ». Cet homme de gauche, ami du président, vient « renforcer le duo de Bercy » composé de deux hommes de droite, que sont Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des finances et Gérard Darmanin, ministre de l’action et des comptes publics. Il sera particulièrement intéressant de voir comment seront rendus les prochains arbitrages fiscaux…
Ce n’est pas tout. Pour « réussir son pari », notre président a besoin d’une adhésion sans failles des principaux directeurs d’administration centrale… Presque tous des IGF ! Qu’ils soient « à Bercy » ou à l’éducation nationale. Un peu à la manière de Nicolas SARKOZY en son temps : « Si tu n’es pas avec moi, c’est que tu es contre moi et j’en tirerai les conséquences pour ta carrière. » On se souvient de la résistance du pouvoir judiciaire à ce diktat. Il semble que l’on s’achemine vers le même scénario avec les « anciens collègues IGF ». Comme l’analyse fort bien l’économiste spécialisé en finances publiques Jean-Yves Archer, « Un directeur du Trésor ou du Budget ne sont pas assimilables à des voitures de location dont on peut jeter les clefs en fin de week-end dans la boîte d’un loueur nommé DGFP : direction générale de la Fonction publique. Leurs compétences méritent le cordial salut républicain, pas leur degré de soumission. »
Faisons maintenant un retour en arrière, un “flash-back” pour employer le langage des cinéastes. Comme je l’ai évoqué dans mon billet du 24 juin dernier, en janvier 2016, alors qu’il est ministre de l’Économie, Emmanuel Macron charge Muriel Penicaud, directrice générale de BUSINESS France, un établissement public sous la tutelle du ministère… des finances (!!!), d’organiser une soirée « French Tech Night » à l’occasion d’ un déplacement au consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas. 380 000 € la soirée, ça, c’est du spectacle.
En infraction avec la réglementation, Muriel Penicaud attribue la mission à l’agence HAVAS, sans faire d’appels d’offres. L’affaire aurait pu en rester là si… l’inspection générale des finances (la revoilà notre IGF) n’avait rédigé un rapport qui, fort opportunément, arrive dans des « pattes palmées ». Le célèbre volatil « sort » l’information…
Puis… le 7 juillet 2017, le parquet de Paris ouvre une information judiciaire contre X, pour « favoritisme et recel de favoritisme ». Encore « une affaire » à suivre. Je pronostique que notre actuelle ministre du Travail Muriel Penicaud pourrait bientôt se retrouver « fusible du patron » !!
Vous voyez bien que ces luttes d’influences opposant « les IGF » et le président vont avoir des conséquences politiques et surtout financières qu’il est difficile d’anticiper. Ces répercussions sur nos patrimoines sont certaines. Nous sommes dans une période où il faut pratiquer le « vol à vue », le préféré des pilotes débutants.
Autre secteur d’influence, les syndicats patronaux et ouvriers. La volonté présidentielle d’extension des droits de l’assurance chômage aux démissionnaires et aux indépendants, d’instauration d’un bonus-malus pour limiter les contrats précaires… fait peur, TRÈS peur aux « partenaires sociaux » qui gèrent l’assurance chômage, dans le cadre de l’UNEDIC. Ils ont bien retenu les propos de campagne visant à « étatiser l’UNEDIC ».
Comme nous venons de le voir dans mes différents billets depuis quatre semaines, les sources d’instabilités et d’incertitudes sont nombreuses et sont à garder en mémoire. Quel enseignement en tirer pour nos patrimoines ? Mon sentiment actuel est inchangé depuis sept ans. Il faut arbitrer nos patrimoines pour les rendre plus « réels et personnels ». Autrement dit : « sortir » de ses produits financiers « virtuels » (banque et assurance vie) pendant que c’est encore possible. À ce sujet, je vous confirme qu’au fil des mois de cette année, comme l’ont vécu nombres de mes clients, il a été de plus en plus « compliqué » de racheter ses contrats d’assurance vie, tant les sociétés d’assurances ont mis… et continueront de multiplier les obstacles, pour honorer cette légitime demande.
Pour l’affectation des liquidités ainsi « libérées », je vous rappelle, comme je le fais depuis longtemps, que « votre argent » déposé sur votre compte en banque ne vous appartient pas. Il appartient juridiquement à la banque. Je persiste donc à préconiser d’en affecter une partie en or physique… J’ai bien dit or physique !!
Une autre partie sera utilement investie dans des entreprises et projets réels, « locaux ». Je persiste à croire qu’il sera de plus en plus facile et c’est tant mieux, de développer le financement participatif de proximité. Quand, localement, le citoyen « remplace » les banques, c’est beaucoup plus qu’un simple financement, ce sont des rapports humains qui se tissent, des vocations qui naissent, une dynamique de responsabilité qui se développe. NON, ce n’est pas un rêve. L’initiative de « Collecticity » est là pour le prouver.
Créée en septembre 2016 par un avocat, un gestionnaire de fonds et un développeur web, Collecticity fonctionne à la manière d’une plateforme classique de financement participatif (crowdfunding). Seules différences : ici, on ne finance que les projets des collectivités locales, et sous forme de prêt. Deux collectivités ont déjà eu recours à ce financement. L’agglomération de Saint-Brieuc, qui a récolté 8 400 € pour financer des toitures photovoltaïques et le village de LANGOUËT (600 habitants), qui a récolté 40 000 € pour créer des logements 100 % recyclables.
Bien sûr, certains trouveront ces pistes « exotiques ». Pour ma part, je suis convaincu que le « monde de demain » sera plus proche de l’humain, c’est une question de survie de notre espèce.
Chers lecteurs, je vous aime et vous salue.