« Nous sommes ravis de pouvoir proposer à nos clients une carte de paiement gratuite, qui offre tous les services des cartes bancaires haut de gamme, ainsi qu’un avantage unique à nos adhérents. La carte Fnac Mastercard est un nouveau vecteur de fidélisation puissant pour notre enseigne, parfaitement complémentaire de nos deux Cartes Fnac et Fnac+ » a déclaré au Parisien Enrique Martinez, Directeur général France de la FNAC.
Il faut dire que la concurrence est rude :
- avec le groupe CARREFOUR, qui a lancé en avril dernier sa carte de paiement Mastercard « C-zam » dans le cadre de son offre « Le compte courant en libre-service», créé par la filiale du groupe Carrefour Banque, en partenariat avec Mastercard. Le concept est quelque peu différent puisqu’il s’agit d’un compte bancaire « low cost »… Pardon, en bon français : un compte bancaire à prix bas et donc à services limités ;
- avec la prochaine offre d’Orange. Notre opérateur national historique se prépare à lancer en juillet prochain son offre Orange Bank, comme je vous en avais informé dans mon billet du 20 avril 2017. Cette offre est beaucoup plus agressive que celle de Carrefour. Lisez vous-même les termes employés par Orange : « Une banque pensée par des experts du numérique », « Payer indifféremment avec sa carte ou son mobile », « Envoyer de l’argent par SMS, bloquer et débloquer temporairement sa carte »… Les ambitions sont clairement affichées dans le cadre du plan stratégique « Essentiels 2020 » : « L’objectif est d’atteindre 400 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018 dans le domaine des services financiers, sur l’ensemble de nos marchés. L’ambition d’Orange Bank est de compter, à terme, plus de 2 millions de clients en France. » Qu’on se le dise !!
CE QUE L’ON NE VOIT PAS
Revenons sur les avantages de la carte FNAC. Nous le savons tous, le fait de payer de façon de plus en plus dématérialisée (CB, paiement sans contact avec son smartphone ou sa montre connectée…) nous fait perdre la notion de la valeur de l’achat. On « n’achète » plus, on « fait une carte »… On fait « chauffer sa carte ». La « merveilleuse carte FNAC » permet aussi d’accéder à des offres de financement, dont un crédit renouvelable… C’est beaucoup plus tentant que le « crédit revolving », non ?… C’est pourtant la même chose et tout aussi dangereux. Nous avons vu tout à l’heure que le partenaire de la FNAC était le Crédit Agricole avec sa filiale Consumer Finance. Parmi les nombreuses autres filiales du Crédit Agricole, il en est une spécialisée dans les crédits à la consommation, SOFINCO. C’est donc elle qui va gérer les crédits à la consommation du détenteur de la Mastercard FNAC.
Il faudra que celui-ci ne se trompe pas de choix, lors du paiement de ses achats, car si son doigt « se trompe de touche »… c’est un « merveilleux crédit renouvelable » qui s’applique. Merveilleux, car il peut atteindre un taux annuel effectif global (TAEG), révisable, de…19,96 %. Elle est rentable la carte FNAC gratuite… Surtout pour SOFINCO.
Le site Capital.fr semble partager mon avis et relève que pour obtenir la Carte FNAC, il faut obligatoirement remplir le « questionnaire SOFINCO », particulièrement intrusif, qui oblige à accepter le partage des informations recueillies avec « ses partenaires ». Nous sommes « cernés ». Sans que nous n’opposions beaucoup de résistance, de plus en plus de sociétés nous demandent de leur livrer « gratuitement » une masse de données qu’elles s’empressent d’utiliser et de revendre « au prix fort ». C’est le règne du big data et de ses dérives.
Il n’y a plus qu’à espérer – on peut rêver, non ? – que la Commission des clauses abusives (CCA), un de nos si nombreux « machins », soit saisie et se prononce en faveur des consommateurs et, poursuivons notre rêve fou, qu’une autre commission… celle de l’informatique et des libertés (CNIL) en fasse de même. Comment ? Vous ne l’en croyez pas capable ? Eh bien sachez que dans la délibération n° SAN-2017-006 du 27 avril 2017, la CNIL a « prononcé une sanction pécuniaire » de 150 000 € à l’encontre de Facebook !! Dans un commentaire adressé à l’AFP, les représentants du réseau social ont fait savoir qu’ils « prenaient acte de la décision de la CNIL », avec laquelle ils se disent « respectueusement en désaccord »… Ah ! Qu’en termes z’élégants, ces choses-là sont dites… Je demande très humblement pardon à Jean-Baptiste Poquelin, mais je n’ai pu résister.
Wanna Cry, vous avez forcément entendu parler de ce virus qui a provoqué un « cyber désastre ». La cyberattaque mondiale qui frappe la planète depuis vendredi 12 mai 2017 a fait « 200 000 victimes, essentiellement des entreprises, dans au moins 150 pays », a affirmé dimanche 14 mai dernier le directeur d’EUROPOL, l’agence européenne spécialisée dans la répression de la criminalité, Rob Wainwright dans un entretien à la chaîne britannique ITV. Ce « ransomware » aurait permis à ses créateurs d’extorquer des sommes considérables à ses victimes.
Comme il est fréquent aujourd’hui, l’emballement médiatique a attribué l’origine de ce piratage informatique « aux Russes » mais comme la Banque centrale de Russie a été fortement affectée par Wanna Cry, une autre voie a dû être envisagée. C’est alors que Microsoft est « monté au créneau » en critiquant l’attitude de certaines agences de renseignement comme la National Security Agency américaine (NSA). La faille dont se sont servis les créateurs du ransomware pour infecter autant d’ordinateurs figurait parmi un ensemble d’outils de piratage appartenant à la NSA. Cette histoire tourne à la Commedia dell’arte quand on apprend qu’un jeune chercheur en cyber sécurité de 22 ans a réussi à ralentir la propagation du virus en achetant un simple nom de domaine. Nous vivons dans un monde formidable.
ET MES SOUS DANS TOUT ÇA ?
Tous ces faits m’inspirent quelques réflexions que j’ai plaisir à partager avec vous :
- Pour ce qui est des moyens de paiements, « toujours plus performants et mieux sécurisés » :
- est-ce bien « utile » d’avoir 2 ou 3 cartes bancaires dorées ou noires, toutes pourvues du dispositif de paiement sans contact ?
- est-il judicieux d’avoir « la collection complète » des cartes de crédit de tous nos fournisseurs préférés ;
- même si les espèces « déforment les poches », le seul fait d’utiliser du cash le plus souvent possible aide à « ralentir » l’ardeur des banquiers à vouloir supprimer ce moyen de paiement. De plus, cela nous fait mieux percevoir « le prix des choses » ;
- pourquoi ne pas « aider » les grandes sociétés qui nous demandent tant et tant de renseignements concernant notre vie privée, en « fabriquant » un personnage qui n’est pas vraiment nous ?
- En ce qui concerne la sécurité informatique, tellement de personnes ne sauvegardent pas leurs données personnelles « sensibles », qu’il est « logique » qu’un jour ou l’autre elles soient volées ou piratées.
- Les investissements dans la cyber sécurité vont se multiplier dans les années qui viennent. Dans le cadre d’un petit portefeuille boursier géré personnellement, pourquoi ne pas se positionner sur des titres de sociétés spécialisées dans la protection et/ou le stockage des données ?
Ce que voit Alex Andrin
Gare aux propositions de nouvelles cartes.
Pour trouver leurs failles, ce n’est pas de la tarte.
En y réfléchissant, on peut bien s’en passer.
Et tant pis si le banquier se sent délaissé.
Il est peut-être temps de repenser au troc
Qui a plus de valeur qu’un « morceau de plastoc ».
Gardez confiance, je vous aime et vous salue.
.