Je concluais mon billet de samedi dernier, ainsi : « Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine, pour poursuivre ensembles cette analyse et vous verrez en quoi elle est à garder en mémoire, quel(le) que soit le (la) Président(e) que nous nous serons choisi. » Les Français en ont décidé ainsi. C’est Emmanuel Macron qui est le président de la République. Chers lecteurs, vous connaissez depuis longtemps l’approche qui est la mienne : des faits, uniquement des faits. Partant de ceux-ci, je vous invite à réfléchir et à partager ou non mes anticipations économico-politique et donc leur incidence sur nos patrimoines. C’est la raison pour laquelle mes billets comprennent les liens hypertextes vous permettant d’accéder aux sources qui fondent mes analyses, tant je suis bien conscient de la relativité de l’objectivité.Revenons donc aux résultats de cette élection « historique ». Loin des sondages, des grands titres de nos « merdias », des commentaires « autorisés » de tous les chroniqueurs, politologues et observateurs de toutes sortes, examinons ensemble les chiffres officiels du ministère de l’Intérieur :resultat_election

Ces chiffres nous montrent une chose. À l’occasion de cette élection, les Français ont exprimé trois options politiques, sans qu’aucune d’elles ne soit majoritaire :

  • Les « partisans » d’Emmanuel Macron qui représentent 43,63 % des inscrits sur les listes électorales ;
  • Les « aucun des deux ne me convient » qui représentent 34 % des inscrits sur les listes électorales ;
  • Les « partisans » de Marine Le Pen, qui représentent 22,38 % des inscrits sur les listes électorales ;

L’excellent Olivier Berruyer, sur son non moins excellent blog « Les crises», a été, comme à son habitude, plus complet dans l’information. Il tient compte de la population française majeure, c’est-à-dire des personnes en capacité de voter. Les chiffres du ministère de l’Intérieur ne mentionnent en effet pas les non-inscrits sur les listes électorales.  Les « chiffres officiels » ne sont donc, à mon sens, pas une information complète et objective.

presidentielle-2017-2e-tour-2

En prenant en compte les non-inscrits sur les listes électorales, les trois « options politiques » définies plus haut sont les mêmes, mais la répartition est quelque peu différente :

  • Les « partisans » d’Emmanuel Macron représentent 40 % du corps électoral ;
  • Les « aucun des deux ne me convient » représentent 40 % du corps électoral ;
  • Les « partisans » de Marine Le Pen représentent 20 % du corps électoral.

Les Unes des journaux, représentatives du « travail des journalistes », nous ont une fois de plus « informés » de façon tronquée en communiquant le score des finalistes, par rapport au nombre de votes EX-PRI-MÉS, ce qui fait une différence significative. Je vous laisse le soin d’apprécier la rigueur et la précision de « l’information » donnée par « Les Décodeurs » du journal Le Monde. Vous savez, ceux qui s’arrogent le droit de juger ce qui relève ou pas des « fausses informations », l’inquisition des temps modernes :

le_monde

66,1 % des voix… De quelles voix ?? Un peu de rigueur Messieurs les censeurs. Même si l’écart entre les deux finalistes est net et sans appel, à mon sens, un président élu avec 40 % des voix du corps électoral n’a pas la même signification politique qu’élu avec 66,10 % des suffrages exprimés. Je n’ose penser que cette « imprécision » est volontaire !! Dans quel intérêt d’ailleurs ?

Pour être encore plus complet sur le sujet, il faut aussi préciser que le Conseil constitutionnel, dans sa décision n° 2017-171 du 10 mai 2017, a annulé 16 467 suffrages exprimés en raison d’irrégularités constatées, soit 0,05 % des suffrages exprimés. Ces annulations ne changent en rien le résultat publié au Journal officiel du 11 mai 2017.

Je reprends mon analyse de l’évolution du cycle néolibéral, issue de la lecture du livre Bienvenue dans le pire des mondes. J’en étais resté à une des conséquences de l’effondrement du mur de Berlin, avec « l’invasion des plombiers polonais ».

Sur le plan politique, on assiste aux prémices de « la pensée unique » avec la « fusion » des idées néolibérales incarnées par Margaret Thatcher en Grande-Bretagne et Ronald Reagan aux États-Unis, et la « nouvelle gauche » incarnée par Bill Clinton aux USA et Tony Blair  au Royaume-Uni. C’est « l’alliance » des libéraux et des libertaires avec le règne des entreprises multinationales qui ne voient que par le marché et qui prônent la suppression du pouvoir des États, qui par leurs règles internes « freinent » le développement économique. On assiste alors à une délocalisation massive de la production vers les pays à bas coût de main-d’œuvre. La Chine de Den Xiaoping, dirigeant d’un pays communiste, devient alors « l’atelier du monde ». Le commerce mondial progresse 4 fois plus vite que le PIB du fait de la multiplication des flux et des échanges entre les pays. Autre phénomène induit par ces très (trop) nombreux « voyages » de marchandises, la pollution qui entraîne de nouveaux phénomènes climatologiques dévastateurs, tels que la fonte des glaces au Groenland et la montée des océans.

À la recherche du profit maximum, les grandes multinationales dissèquent leurs produits en sous-ensemble et font fabriquer chacun de ceux-ci dans le pays où « c’est le moins cher ». Le « cas d’école » des voitures américaines, dont les composants fonts 8 allers et retours entre le Mexique et les USA avant d’obtenir le produit final, est bien connu par les ouvriers des grands constructeurs que sont General Motors et Ford. Vous savez… « les gens » qui ont voté massivement Trump (au grand étonnement de la classe politique et des « observateurs »). Bien évidemment, les ouvriers américains et mexicains sont les grands perdants. Seules les firmes multinationales sont gagnantes, non seulement par la diminution des coûts de fabrication, mais aussi grâce à l’utilisation des règles d’optimisations fiscales internationales, telles que « les prix de transfert ».  L’entreprise la « plus performante » en ce domaine, où les États n’ont pratiquement pas de recours, est… un vendeur de pommes… Pardon, je me suis trompé, c’est le fabricant des produits à la pomme… Le constructeur de nos smartphones préférés… Apple.  Au-delà des « astuces comptables », il y a aussi l’utilisation des paradis fiscaux dont j’ai eu l’occasion de parler maintes fois dans différents billets.

Pendant ce temps, les ouvriers et les cadres, quand ils n’ont pas perdu leur emploi, ont des salaires qui stagnent. Pour que « les affaires continuent », notamment dans l’immobilier (quand l’immobilier va, tout va), ils sont « très fortement encouragés » par les différents organismes de crédits (banques, institutions comme Fannie Mae et Freddie Mac…) à s’endetter… bien au-delà de leur capacité de remboursement, afin d’acquérir leur lieu d’habitation. Voilà la principale cause du déclenchement de la crise financière actuelle. Ces dettes irrécouvrables ont été titrisées et revendues dans le monde entier, comme je l’ai expliqué dans mon billet du 13 avril 2012.

Le 20 janvier 2009, les électeurs de Barack Obama ont cru que tout allait changer et qu’il allait « remettre de l’ordre dans tout cela ». Hélas, hélas, hélas… Force est de constater que « le compte n’y est pas ». Il s’est fait phagocyter  par les puissances financières et technologiques que sont Wall Street et les géants de la Silicon Valley, sans oublier « l’État profond », ce pouvoir méconnu du grand public et qui pourtant « façonne le monde » depuis des décennies. Bien sûr, tout parallélisme avec une récente élection française ne serait que le fruit de mon incorrrrrigible imagination, ou du hasard, ou bien… Rendez-vous dans quelques mois sur ce blog.

« Voilà qu’Hubert verse maintenant dans la théorie du complot. » Que nenni, chers lecteurs. D’abord, je n’accepte pas cette « phrase type » qui permet de clore un débat d’idées pourtant tellement utile par les temps actuels. Ensuite, parce que dans le mot “complot“, il y a la notion fondamentale de secret, ce qui n’est pas le cas des grands desseins de l’État profond (tout cela est très documenté et accessible). Enfin, je suis un de ceux qui, modestement et avec persévérance, dénoncent les « versions complotistes » des faits.

Sous la pression des géants de la Silicon Valley, aussi connus sous l’acronyme GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft), le président Obama est contraint « de plier sous la loi de l’argent ». Ces multinationales de l’industrie du numérique « pèsent » la bagatelle de 2 000 milliards de dollars et ont donc une « puissance financière » supérieure à de nombreux États. Cela ne leur suffit pas. Il leur en faut toujours plus, d’où la prolifération de nouveaux traités commerciaux de « libre-échange » :

  • ALENA aussi appelé NAFTA, liant les États-Unis, le Canada et le Mexique, signé le 1er janvier 1994 ;
  • TPP, liant la région Asie-Pacifique et les États-Unis, signé le 4 février 2016. Le président Trump signe le 23 janvier 2017, un décret désengageant son pays de cet accord ;
  • CETA, liant l’Europe et le Canada, signé le 15 février 2017 ;
  • TTIP aussi appelé TAFTA, liant l’Europe et les États-Unis. Pour le moment repoussé, mais dont il y a fort à parier qu’il va bientôt revenir sur le devant de la scène.

Rappelons ici qu’un traité de libre-échange est un ensemble de règles adoptées par deux ou plusieurs États pour favoriser le commerce international. Ces règles ont généralement pour objet de diminuer les taxes et les contrôles douaniers et de supprimer les réglementations nationales susceptibles de gêner l’importation des biens, des services, de la main-d’œuvre et des capitaux étrangers. La majorité de ces traités sont l’initiative… des grandes sociétés multinationales et plus particulièrement celles des États-Unis.

La semaine prochaine, nous verrons où l’évolution du cycle néolibéral nous amène et quelles en seront les conséquences probables sur notre patrimoine.

D’ici là, chers lecteurs, portez-vous bien. Je vous aime et vous salue.