La Grèce, pour la énième fois (nous ne sommes plus sûrs du compte, mais est-ce vraiment bien important ?), revient sur le devant de la scène. Le plan de sauvetage concocté par la troïka (ou plutôt imposé par l’Allemagne à un FMI réticent) ne marche pas, l’austérité empêchant Athènes de relancer l’économie et donc de percevoir les rentrées fiscales nécessaires pour rembourser la dette : nous connaissons désormais le refrain. Mais un autre pays, dont on parle moins, connaît également l’échec de son plan de sauvetage, à savoir le Portugal, comme le montre cet article de Martin Armstrong publié le 24 février 2017 sur son blog.
Encore une fois, soit l’on fait plus d’Europe avec une Europe fédérale, une union de transfert, des impôts européens ET une harmonisation fiscale et sociale, soit on sera condamné à faire moins d’Europe et à détricoter ce qui a été construit jusqu’à présent y compris l’euro, notre monnaie, en l’état actuel, dysfonctionnelle.
Charles SANNAT
« Cette année 2017 est le début d’une nouvelle crise de la dette souveraine. Alors que la Grèce réapparaît sur les radars financiers, le plan de sauvetage européen du Portugal est lui aussi un échec total dans sa tentative d’inverser la tendance que connaît le pays. Dans tout le sud de l’Europe, le poids de la dette n’a pas été allégé. Aujourd’hui, l’endettement du Portugal est aussi élevé qu’avant la crise de 2010. Les 78 milliards du contribuable européen n’ont servi strictement à rien pour inverser la tendance ; en fait, cet argent a simplement servi à sauver les banques.
Les politiciens devraient vraiment être poursuivis au pénal pour leur tentative de piloter l’économie. Ils n’ont pas l’expérience nécessaire, seule leur carrière politique les préoccupe. Comme je l’ai déjà dit, alors que les plans de l’euro étaient en train d’être échafaudés, la commission responsable avait participé à notre Conférence économique mondiale de Londres. Je les avais avertis que l’euro serait un échec à moins que les dispositions prévoient la consolidation de la dette de tous les États membres. Ils m’ont répondu qu’ils comprenaient le problème, mais que les Européens ne voteraient jamais pour un tel plan. Il fut donc décidé de créer d’abord la monnaie commune et de gérer le souci de la dette plus tard.
La Phase II n’a jamais eu lieu et en conséquence, alors que l’euro grimpait, de 0,80 € pour 1 $ jusqu’à 1,6 €, la dette de tous les pays de la zone euro a doublé en termes réels. Rejoindre l’euro a détruit dans les faits l’Europe du Sud, les politiciens ne l’ont pas encore compris. C’est pourtant aussi simple que de faire un crédit hypothécaire dans une devise étrangère et de voir celle-ci doubler de valeur. Cela signifie que vous devez payer le double dans votre devise.
Simultanément, le nouveau gouvernement américain suit la philosophie de « l’Amérique d’abord » et souhaite ainsi revenir à l’époque du mercantilisme. Donald Trump ne parvient pas non plus à comprendre que forcer les Américains à acheter des produits fabriqués aux États-Unis signifie forcer le consommateur à subventionner une main-d’œuvre américaine non-efficiente. Les concepts de Donald Trump du commerce mondial et de l’emploi sont déconnectés de la réalité et de ce que sont les marchés libres, soit les mêmes raisons qui expliquent l’effondrement en cours de la zone euro.
Bienvenue dans cette nouvelle crise financière mondiale. Nous pouvons améliorer les choses, mais nous devons EMPÊCHER les politiciens de jouer avec l’économie. »