Jeffrey Gundlach, CEO de DoubleLine Capital, a déclaré mardi qu’il s’attend à ce que la FED commence ce mois une campagne « old school » de hausse séquentielle des taux jusqu’à ce que « quelque chose casse », par exemple une récession américaine.
Vous savez que je considère que la FED ne peut pas procéder à une remontée des taux significative et en ce sens, je ne partage pas l’avis de Gundlach, raison pour laquelle d’ailleurs je reprends cet article !
Je maintiens mon analyse à savoir que si la FED augmente ses taux de façon significative alors et c’est là où je rejoins Gundlach, “quelque chose cassera”. Je considère qu’il s’agit d’une politique suicidaire, mais aussi d’une déclaration de guerre de la FED… au Président américain Trump.
Si nous prenons ce chemin, alors les choses se passeront mal. Très mal.
Charles SANNAT
Gundlach, qui gère plus de 101 milliards chez DoubleLine à Los Angeles, a déclaré que les statistiques économiques américaines soutiennent le relèvement des taux dès la prochaine réunion de la FED, prévue les 14 et 15 mars, ainsi que plus tard cette année, après une série de faux départs en 2015 et en 2016.
« La confiance en la FED a vraiment beaucoup changé », a déclaré Gundlach dans un Webcast à l’attention de ses investisseurs. « La FED a reçu beaucoup de respect, le marché obligataire ayant été à son écoute » maintenant que les données économiques soutiennent la rhétorique dure des officiels de la FED.
Le président de la FED de New York, William Dudley, dont la branche de la Banque centrale américaine sert à la FED d’yeux et d’oreilles à Wall Street, et qui passe habituellement plusieurs heures par semaine à élaborer les politiques de la FED avec Janet Yellen, a joué un rôle clé dans l’orchestration de la communication de la hausse des taux en mars.
Dudley a surpris dans un premier temps les marchés lorsqu’il a déclaré lors d’une interview télévisée la semaine dernière que « les esprits des animaux avaient été relâchés ». Dudley a également déclaré que les arguments en faveur d’un serrage de vis monétaire « sont devenus beaucoup plus attrayants » depuis l’élection du président Donald Trump et un Congrès contrôlé par les Républicains.
Gundlach, connu à Wall Street sous le surnom du « roi des obligations », a déclaré dans le Webcast que les pressions inflationnistes augmentent ainsi que la confiance des entreprises, ce qui se traduit par un marché actions qui va monter plus haut.
Mais Gundlach, qui a répété son avertissement affirmant que les actions américaines ne sont pas bon marché, a déclaré qu’il possède des titres du Trésor protégés de l’inflation et de l’or en raison du contexte économique.
Gundlach a ajouté que shorter les obligations allemandes à 10 ans « est bien plus intelligent » que de se positionner long. En ce qui concerne les financières, Gundlach a déclaré à Reuters dans une interview qu’il avait vendu sa participation dans une banque et ses actions financières parce que « l’argent facile a été déjà gagné ».
Un remake de 1937 ?
Pour Graham Summers, nous pourrions revivre un remake de 1937, 80 ans plus tard :
« L’économie américaine poursuit son implosion alors que l’inflation reprend.
GDPNow (calcul en temps réel de la croissance américaine) s’est effondré de 3,4 % au début février à 1,3 % aujourd’hui. Le chiffre sera même révisé encore à la baisse en raison des terribles chiffres du déficit commercial (en janvier, le déficit commercial américain a atteint un plus haut de cinq ans).
Simultanément, l’inflation progresse. La FED suit 4 indicateurs : le CPI, le PCE, le CPI à moyenne ajustée et le CPI médian de Cleveland. En gros, ces 4 indicateurs ont atteint ou ont dépassé le soi-disant objectif d’inflation de la FED de 2 %.
- Le CPI affiche une croissance annualisée de 2,1 %.
- Le Cleveland Median CPI affiche une croissance annualisée de 2,2 %.
- Le Trimmed Mean CPI est à 2,1 %.
- Seul le PCE est juste en dessous de l’objectif de la FED, à 1,9 %.
Croissance économique faible et inflation en hausse… il y a un mot pour définir cette situation : c’est la stagflation.
La FED va refaire la même erreur qu’en 1937, à savoir relever les taux dans un contexte économique faible. Aujourd’hui, comme il y a 80 ans, le CPI augmente tandis que la croissance stagne.
À l’époque, elle avait relevé agressivement son taux directeur malgré le désordre. Que s’est-il passé ? Les États-Unis sont tombés en récession et le prix des actions a été presque divisé par deux.
Sources : article de Jennifer Ablan, publié le 8 mars 2017 sur Reuters.com et de Graham Summers, publié sur GainsPainsCapital.com