Pour le reste, je vous laisse le billet de Charles GAVE sur ce sujet.
L’Allemagne est dans une situation épouvantable.
Commençons par la démographie.
Le taux de fécondité des femmes qui devrait être à 2.1 enfants par femme pour assurer le remplacement des générations stagne à 1.4 depuis des décennies, et du coup la population allemande baisse-déjà- de 200000 personnes par an et les choses vont s’aggraver.
En effet, et compte tenu du vieillissement inéluctable de la population, dans les années qui viennent, le nombre de retraités chez nos voisins va littéralement exploser et il n’y aura pas assez de jeunes pour payer les retraites de tous ces gens qui n’ont pas fait d’enfants. Tous les jeunes Italiens, Grecs ou Espagnols, chassés de chez eux par l’imbécile Euro et qui ont trouvé du travail outre-rhin vont quitter l’Allemagne à ce moment-là, tant ils n’auront pas envie de payer des impôts monstrueux pour soutenir tous ces vieillards stériles, dont le revenu va donc s’effondrer, ce qui n’annonce rien de bon pour la croissance.
Continuons par l’économie ; L’Allemagne qui a bénéficié d’une monnaie sous-évaluée a du coup investi massivement dans tous les secteurs ou elle était anormalement compétitive (à cause de l’euro, encore une fois), c’est-à-dire dans les voitures et les machines-outils qui servent à construire des voitures. Or, d’ici dix, quinze ans, plus personne n’aura besoin de voitures puisque des automobiles sans chauffeur se baladeront dans les rues et que chacun pourra en appeler une avec son téléphone. Voilà qui devrait faire baisser la production d’automobiles dans des proportions inouïes puisque la voiture d’aujourd’hui reste immobile environ 90 % de sa durée de vie.
Qui plus est, ces voitures seront électriques et toutes les batteries sont fabriquées en Asie. Et ces véhicules seront beaucoup moins compliqués et donc moins rentables que ceux fabriqués de nos jours. En conséquence, la rentabilité et le chiffre d’affaires de l’industrie automobile allemande vont s’effondrer.
Quelque part, l’Allemagne est devenue le producteur de diligences le plus efficace au moment où elles allaient être remplacées par les chemins de fer. Voila qui mérite des applaudissements.
Mais ce n’est pas tout, loin s’en faut.
L’Allemagne a toujours été un pays mercantiliste, le but de la politique économique étant de dégager des excédents extérieurs.
Les autorités allemandes pensent qu’une balance commerciale est comme un compte d’exploitation pour une entreprise, ce qui est ânerie théorique considérable. Si je vends des voitures et que je touche des bouts de papier en échange, émis par des gens qui ne me rembourseront pas, je suis gagnant ! Ah bon, que voilà une conception curieuse…
Dans le fond, le mercantiliste est un suceur de roue comme on dit dans le cyclisme. L’idée est de laisser les autres faire des efforts sans en faire aucun soi-même et de tirer les marrons du feu au dernier moment, non sans donner des leçons de vertu à tout le monde une fois la ligne franchie
Et donc tout est fait pour favoriser les exportations et freiner les importations. Du coup, le seul moment où l’économie allemande est en croissance se produit quand le commerce mondial se développe, comme le montre mon premier graphique.
Et bien sûr, quand le commerce mondial ralentit, l’économie allemande entre en récession à chaque fois puisque les exportations allemandes baissent et que les exportations sont LA seule chose qui tire l’économie allemande, ce qui est bien normal puisqu’ils sont mercantilistes.
Et ce n’est pas une population dont le nombre diminue de 200000 personnes par an, déjà logée, et partant a la retraite qui va augmenter sa consommation…
Et comme nous sommes en train de passer dans le monde entier de la globalisation a la de-globalisation, il est clair que le commerce mondial va cesser de croitre.
Et donc les investissements vont s’écrouler puisque nous entrons dans une période de surcapacité.
Chacun sait que le PIB est égal aux dépenses de l’état (G) auquel il faut ajouter l’investissement (I), le solde du commerce extérieur (Exportations – Importations ou (X-M)) et la consommation (C), selon la formule Pib= G+I +(X-M) +C
Il est évident que la consommation, les exportations et les investissements vont baisser structurellement. Voilà qui n’augure rien de bon pour l’activité économique outre-Rhin. La seule chose qui va certainement augmenter ce sont les dépenses étatiques (G), à cause de la hausse du nombre des retraités, et donc les impôts ou la dette….
Mais il y a pire.
Depuis vingt ans, c’est-à-dire depuis les débuts de l’Euro, l’Allemagne a prêté des sommes absolument immenses à tous ses voisins de la zone euro, pour qu’ils achètent des produits allemands. La totalité de ces prêts se montent à près de 900 milliards d’euro, les principaux récipiendaires ayant été les Espagnols et les Italiens.
Le contrat était en quelque sorte : « je vous donne une voiture toute neuve et en échange, vous me donnez une reconnaissance de dettes ». A chacun de se rendre compte s’il vaut mieux être le Grec propriétaire d’une Mercedes ou le fond de retraite allemand qui a dans ses actifs la reconnaissance de dette du Grec.
La comptabilité de tous ces bouts de papiers reçus ou donnés par un pays europeen à un autre se fait dans un système appelé Target 2, un monstre technocratique de plus, auquel peu de gens comprennent quoi que ce soit.
Le deuxième graphique montre l’évolution de ce système « Target 2 entre l’Allemagne et le reste de la zone Euro, ou l’on voit que l’Allemagne a accumule 900 milliards d’euros de créances sur ses voisins.
Puisque les pays du Sud ne sont plus compétitifs, ils règlent ces déficits non plus en envoyant des produits venant de chez eux (du style vin, parfums ou avions), ni en vendant leurs actifs aux allemands (Majorque devenant un nouvel länder allemand), ni en liquidant leurs réserves de change (or ou dollar), ce qui était le cas avant l’euro, mais avec des bouts de papier qui ne sont rien d’autre que des reconnaissances de dettes qui ne seront jamais honorées.
Regardons les chiffres : depuis l’origine du monstre, l’excédent allemand cumulatif vis-à-vis du reste de la zone euro se monte à 864 milliards d’euros ce qui correspond a peu de choses près à la balance Target excédentaire de l’Allemagne telles que calculée par la BCE (900 milliards), et je ne vois pas comment il pourrait en être autrement.
Et miraculeusement, cette somme est à nouveau à peu près équivalente aux déficits « Target » cumulés de l’Italie et de l’Espagne …
Explications pour ceux qui n’auraient pas compris : l’Allemagne a pratiqué à une échelle inconnue jusque-là ce que l’on peut appeler le crédit fournisseur, prêtant à ses clients pour que ceux puissent acheter ses produits.
Les entreprises allemandes ont ainsi prêté 900 milliards d’euros aux italiens et aux espagnols pour que ces derniers achètent leurs voitures. Bien entendu, cet argent ne sera jamais remboursé et donc les soi-disant profits faits par les entreprises allemandes sont purement illusoires. Et quand cela deviendra évident, ces entreprises verront leurs cours de bourse s’écrouler, ce qui a déjà bien commencé.
BMW, VW ou Mercedes auraient pu coller leurs voitures sur un bateau et aller le couler au large de Hambourg, le résultat aurait été le même. Et bien sûr, quand ces créances ne seront pas remboursées, le système financier allemand sautera, ce qu’annonce déjà les cours de bourse des banques allemandes.
L’Allemagne dispose donc aujourd’hui d’un appareil de production pour fabriquer des automobiles hyperconcurrentiel, flambant neuf et en parfait état, après avoir foutu en l’air les appareils de production Italien ou Français grâce à la sous-évaluation de leur monnaie à l’intérieur de l’euro, ce dont tout le monde les félicite. Le seul inconvénient est bien sûr que plus personne ne va avoir besoin de voitures dans le futur, et que cet appareil ne vaut donc plus rien.
Et bravo !
A l’origine de tous ces désastres, l’Euro…
Avoir réussi à ruiner l’Allemagne après avoir détruit les industries Italiennes et françaises, voilà qui n’était pas à la portée du premier venu. C’est pourtant ce que messieurs Delors Trichet et Draghi et tous leurs alliés à Bruxelles ont réussi à faire en moins de vingt ans, ce qui donne une idée de leur immense talent.
Mais après tout, peut-être voyaient ils très loin devant eux et avaient-ils compris que l’Euro allait détruire l’Allemagne « in fine », ce qui était leur but ultime ? Certes, cela impliquait de ruiner d’abord la France et l’Italie, mais on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs disait Lénine. Si tel était leur but, ils ont parfaitement réussi et il me faut m’incliner, à contre cœur bien sûr, devant une telle prescience et une aussi remarquable capacité à organiser l’avenir. A côté d’eux Tocqueville apparaît comme un enfant.
Source Institut des Libertés ici