Y a-t-il des risques importants aujourd’hui qui pèsent sur les marchés en particulier et sur l’économie en général ?

Ma réponse va être nettement plus rassurante et plus inquiétante aussi que d’habitude.

Pour le moment, le principal risque n’est plus économique. Il est politique.

J’y reviendrai longuement dans un édito que je consacrerai à ce sujet. Disons, pour résumer, que les autorités politiques et monétaires pour lutter contre la crise en 2008 ont fait leur deuil des théories économiques classiques. Désormais, l’économie mondiale est fondamentalement administrée de concert par les grandes nations et les grandes banques centrales.

Le véritable risque n’est donc plus tant économique que politique ! À long terme, le principal risque est monétaire.

Charles SANNAT

Les 10 risques principaux pour l’économie mondiale en 2019, selon The Economist 

Le magazine The Economist s’est penché sur les dangers pour l’économie mondiale cette année. Le risque que le conflit entre les États-Unis et la Chine dégénère en véritable guerre commerciale d’envergure, ainsi que l’éventuelle récession de l’économie des USA à cause de l’endettement important des compagnies US, sont les menaces les plus sérieuses.

Le nouveau classement de The Economist indique que les perspectives de l’économie mondiale se détériorent. Les spécialistes de l’hebdomadaire supposent qu’en 2019, la croissance ralentira jusqu’à 2,8 % (contre 2,9 % en 2018), et jusqu’à 2,6 % en 2020.

La croissance pourrait même être inférieure aux prévisions, avertit l’hebdomadaire. Selon les auteurs du classement, plusieurs scénarios pourraient mener à une telle issue.
« Outre l’incertitude géopolitique grandissante, il existe de sérieux points vulnérables dans les plus grandes économies, notamment la dette significative en Chine, aux États-Unis et en Italie, ainsi que sur les marchés émergents. En cas de mauvaise gestion, ces faiblesses pourraient significativement renforcer le déclin et refroidir l’économie mondiale », souligne le rapport.

Les guerres commerciales

La plus grande menace pour l’économie mondiale, jugent les experts du magazine, est la transformation du conflit américano-chinois en une véritable guerre commerciale. Le risque d’un tel scénario est modéré (intensité du risque : 15 points) selon les experts, qui précisent qu’une telle issue aurait des conséquences extrêmement lourdes. D’après les auteurs, les négociations actuelles entre les autorités américaines et chinoises permettent d’espérer un accord, qui éviterait l’escalade du conflit. Cependant, poursuit l’hebdomadaire, même dans ce cas le risque persisterait, car rien ne pourra permettre d’imposer à la Chine une réforme de la balance commerciale telle que la souhaitent les USA.

« Le risque persiste également que les conflits commerciaux s’aggravent dans les années à venir et sur d’autres fronts, entraînant une réduction du commerce mondial. Cela affecterait significativement l’inflation, la situation dans les milieux d’affaires, la disposition des consommateurs et, au final, la croissance économique mondiale », explique le rapport.

Les experts de The Economist font remarquer que ce scénario pourrait être déclenché par l’instauration de grandes taxes sur les importations dans certains pays et les subventions aux producteurs locaux pour faire face au protectionnisme international.

La récession aux États-Unis

D’après le pronostic de base de l’hebdomadaire, d’ici deux ans l’économie américaine parviendra à échapper à une récession destructive même si la croissance du PIB du pays devrait ralentir en 2019 jusqu’à 2,3 %, et jusqu’à 1,5 % en 2020. Cependant, les experts avertissent que le déclin pourrait s’avérer bien plus fort à cause de la vulnérabilité du secteur financier des USA.

« Sous l’effet d’une longue période de taux d’intérêt extrêmement bas, la dette des entreprises a augmenté pratiquement jusqu’à 47 % du PIB, ce qui dépasse le record établi pendant la crise financière mondiale de 2008-2009. De plus, la qualité de la dette a également diminué : plus de la moitié de la dette des entreprises américaines est notée BBB (le plus bas niveau d’investissement), alors que près de 60 % des prêts ont été délivrés sans accord sur le service », constatent les auteurs.

Le ralentissement de l’économie américaine, d’après les experts, pourrait conduire à l’augmentation du nombre de compagnies qui réduisent leurs investissements et leurs effectifs tout en éprouvant des difficultés pour rembourser leurs dettes, ainsi qu’à une baisse de leur notation poussant les investisseurs à réduire leurs placements. La probabilité d’un tel scénario (son risque est jugé modéré par The Economist avec une intensité de 12 points, mais les éventuelles conséquences seraient lourdes) « aggraverait fortement le ralentissement de l’économie mondiale, car de nombreux pays seraient touchés par la baisse de la demande de leurs produits aux USA et l’affaiblissement du flux d’investissements ».

Plus tôt, les analystes de l’agence Moody’s ont prévenu que la prochaine crise aux USA pourrait être provoquée par une hausse des emprunts à risque des compagnies non financières. L’économiste en chef de Moody’s Analytics Mark Zandi pointe la ressemblance inquiétante entre les prêts immobiliers (subprimes), qui avaient conduit à la crise financière aux USA en 2007-2008 et à l’effondrement économique mondial, et le marché actuel des prêts à effet de levier et des obligations pourries.
« C’est la plus grave menace pour le cycle d’affaires actuel », note Mark Zandi. Le montant de ces prêts à effet de levier aux USA, selon Moody’s, a atteint le record de 1 400 milliards de dollars et avoisine 2 700 milliards de dollars si l’on y ajoute les obligations d’entreprise pourries.

Une crise de grande ampleur sur les marchés émergents

Les experts de l’hebdomadaire indiquent qu’en 2018 les économies de plusieurs pays émergents ont été touchées par des crises monétaires, et qu’en 2019 la situation pourrait se détériorer (risque modéré, intensité 12 points). Une crise de grande ampleur pourrait être déclenchée sur les marchés émergents avec l’apparition de nouvelles difficultés dans les États dont les économies sont déjà instables à cause des problèmes intérieurs et suite à l’escalade de la guerre commerciale entre les USA et la Chine. Les investisseurs étrangers pourraient également se retirer à cause de la transformation des crises monétaires en Argentine et en Turquie en véritables crises bancaires sur fond d’augmentation du coût des emprunts en devises étrangères.

« Selon ce scénario, le reflux de capitaux des pays émergents pourrait devenir moins sélectif et plus grave, ce qui pousserait les pays ayant des déséquilibres extérieurs à adopter des mesures douloureuses, et les plus vulnérables se retrouveraient dans une crise profonde. Le PIB des marchés en développement chuterait brusquement, ce qui se refléterait aussi sur l’économie mondiale », précise le rapport.

Le début d’une longue crise en Chine

La probabilité de l’effondrement de l’économie chinoise (en 2018, selon les estimations préliminaires, son PIB n’a augmenté que de 6,6 %, soit le pire résultat en 28 ans) est jugée peu plausible par les experts de The Economist (intensité du risque : 10 points). Mais il n’est pas exclu que les autorités chinoises puissent commettre une erreur en prenant des mesures visant à soutenir l’économie de la république dans le conflit commercial contre les USA. Selon les experts, le point le plus vulnérable de l’économie chinoise est le montant des prêts intérieurs, qui dépasse 230 % du PIB.
« Même une allusion à la mauvaise situation dans le secteur bancaire pourrait provoquer des problèmes, compte tenu du boom de la dette des dernières années. La percée des bulles de crédit est généralement associée à un fort ralentissement de la croissance économique », indique l’hebdomadaire.

Les experts avertissent que si les autorités chinoises n’arrivaient pas à empêcher le « déroulement de la spirale économique descendante », cela provoquerait une forte baisse des prix mondiaux sur les matières premières, notamment sur les métaux, ce qui affecterait les pays d’Amérique latine, du Moyen-Orient et d’Afrique.

« Compte tenu de la dépendance croissante des producteurs et des détaillants occidentaux envers la demande en Chine et sur d’autres marchés émergents, l’effondrement de la croissance [économique] dans ce pays aurait de graves conséquences au niveau mondial, bien plus sérieuses que si cela s’était produit au cours des décennies précédentes », stipule le rapport.

Dans le top-10 des menaces pour l’économie mondiale en 2019, les experts de l’hebdomadaire britannique inscrivent également :
— une forte hausse des prix du baril à cause d’une pénurie d’approvisionnement ;
— le début des opérations militaires à cause des litiges sur l’appartenance des îles en mer de Chine méridionale — l’archipel des Spratleys (revendiqué par la Chine, le Vietnam, Taïwan, la Malaisie, les Philippines et Brunei), les îles Paracels (revendiqués par la Chine, Taïwan et le Vietnam) et le récif de Scarborough (revendiqué par la Chine, Taïwan et les Philippines) ;
— un grave préjudice pour les grands segments de l’internet à cause des cyberattaques ;
— le déclenchement d’activités militaires sur la péninsule de Corée ;
— la sortie du Royaume-Uni de l’UE sans accord (no-deal Brexit) ;
— le début d’une crise bancaire en Italie à cause de l’instabilité politique et financière dans le pays.

Plus tôt, une autre liste des principales menaces pour l’économie mondiale en 2019 avait été publiée par l’agence Bloomberg, selon laquelle les risques principaux étaient les guerres commerciales, la crise en Italie, le Brexit sans accord, les conflits armés en Asie et les fluctuations du prix du baril.

Source Agence russe Sputnik.com ici

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