L’art des prévisions économiques est évidemment très délicat et je ne prétendrais pas faire des prévisions justes là où tout le monde se tromperait. Pourtant, il ne faut pas oublier, en économie comme dans toute activité, la célèbre loi de Murphy.
La loi dite de Murphy a été développée par Edward A. Murphy Jr, un ingénieur aérospatial américain qui en énonça le premier le principe de la manière suivante :
“Tout ce qui est susceptible de mal tourner tournera mal”
Là, normalement, on vous fait des procès en “pessimisme aggravé”, d’ailleurs “on” est devenu tellement délirant pendant les années où la crise était aiguë que le concept de pessimism porn a même fait son apparition pour faire taire ceux qui exprimaient une voix différente sur les prévisions.
Le pessimism porn est un néologisme inventé en 2009 lors de la crise financière mondiale de 2007-2012 pour décrire la prétendue excitation eschatologique et survivaliste des personnes craignant l’effondrement de la société civile suite à la destruction du système économique mondial. Par extension, toute personne, analyste, économiste, ou journaliste qui osait dire (et ose toujours dire) que la situation économique est dramatique, que la situation va mal tourner se rendait coupable d’un crime de haute trahison contre… la confiance !
La loi de Murphy est très optimiste !
“L’autre vision consiste à voir la loi de Murphy comme une règle de conception : on ne considère pas la loi de Murphy comme vraie, mais on conçoit tout système comme si la loi était vraie. En particulier, un équipement doit être à l’épreuve non seulement des accidents les plus improbables, mais aussi des manœuvres les plus stupides de la part de l’utilisateur. Elle justifie donc les principes de la conception de sûreté préconisant de planifier et d’éliminer d’emblée les possibilités de mauvaise utilisation, par exemple à l’aide de détrompeurs.”
Il faut donc, et c’est également encore plus vrai pour l’action publique et politique, agir en prenant en considération que tout ce qui pourrait mal tourner va mal tourner et c’est avec ce genre de principe que l’on met de l’argent de côté quand la croissance est là, c’est avec ce genre de principe que l’on ne fait pas volontairement de fausses prévisions de croissance qui ne sont plus des prévisions, mais l’expression d’une idéologie.
Nous pourrions faire des prévisions nettement plus justes si l’on ne demandait pas à l’avance pour les prévisions le résultat souhaité à l’arrivée !
Cela fait maintenant 10 ans que les prévisions de croissance sont toujours bonnes pour l’année suivante, puis revues à la baisse tout au long de l’année, pour coller à la fin de l’année et au 31 décembre à la réalité toujours moins glorieuse que les prévisions de début d’année.
Au moment où j’écris ces lignes, c’est encore le cas.
Charles SANNAT