La désaméricanisation du monde et sa dédollarisation poursuit son bonhomme de chemin. Tout au long de ces deux dernières années, j’ai partagé avec vous chaque information concernant l’internationalisation de la monnaie chinoise, car son utilisation dans le commerce mondial est une preuve de la montée en puissance de la Chine.
C’est également un élément factuel qui permet de mesurer la perte d’influence logique et prévisible de ce qui reste encore pour le moment LA monnaie de référence mondiale à savoir le dollar.
Pékin a annoncé récemment que la Chine allait lancer un “pétro-yuan” en cotant le pétrole en Yuan… lorsque l’on sait que la puissance américaine repose sur le pétrodollar et l’obligation de payer le pétrole en dollars, cela risque de déstabiliser l’ensemble du système monétaire international, raison pour laquelle je pense que la Chine va avancer à pas de loups sur un tel sujet hautement complexe et hautement politique.
Charles SANNAT
PARIS, 21 octobre (Xinhua) — La Banque populaire de Chine (PBoC), la banque centrale de Chine, vient de lancer à Londres des obligations à court terme pour la première fois à l’étranger.
Cette information reflète deux choses : d’une part, le marché européen du renminbi (RMB) offshore a pris son essor sur le continent européen ces dernières années, et d’autre part, le Royaume-Uni, place forte traditionnelle de la finance, a pris la tête du processus d’internationalisation du RMB en Europe.
UN RMB DE PLUS EN PLUS VISIBLE EN EUROPE
Depuis l’introduction test en 2009 du RMB dans le commerce transfrontalier, la devise chinoise est devenue visible pour les entreprises et les organisations financières en Europe.
“En 2010, alors qu’on commençait à fournir des produits financiers en RMB en France, certains clients me posaient des questions comme : quelle est la différence entre le RMB et le yuan?”, se souvient Pan Nuo, directeur général de la succursale française de Bank of China, dans un récent entretien à Xinhua. “Mais aujourd’hui, ça serait incroyable que quelqu’un pose encore une telle question”, dit-il.
Selon les statistiques de Swift, la plateforme mondiale des échanges financiers, l’Europe a représenté 10% de la valeur des transactions en RMB dans le monde entre juillet 2013 et juillet 2014 (Chine et Hong Kong exceptés), quatre pays européens se hissant dans le Top 10.
La croissance de ces transactions en RMB est impressionnante en Europe. Selon Swift, entre juillet 2013 et juillet 2014, les hubs européens du RMB tels que le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne et le Luxembourg, ont cru respectivement de 123,6%, 43,5%, 116% et 41,9%.
Pour la seule année 2014, le montant des transactions en RMB traité par la succursale française de Bank of China a atteint environ 177 milliards de yuans (près de 24,5 milliards d’euros), alors que le montant de clearing (compensation) a atteint 1.000 milliards de yuans (environ 139 milliards d’euros), selon M. Pan.
LE ROYAUME-UNI EN TÊTE DE PEU DEVANT SES CONCURRENTS
En tant que géant de la place financière, le Royaume-Uni a pris une certaine avance sur ses concurrents européens comme l’Allemagne et la France dans l’utilisation du RMB, bien que ces deux derniers ne soient pas loin derrière le champion.
Voici plusieurs faits notables : selon les statistiques de Swift, 26% des paiements en RMB offshore, à l’exception donc de la Chine et Hong Kong, ont été réalisés début 2014 au Royaume-Uni. En 2013, 60% des échanges en RMB dans les bourses ont eu lieu à Londres.
Le Royaume-Uni est aussi le premier pays occidental à avoir émis des obligations d’Etat en RMB et le premier des pays du G7 à avoir signé un accord de swap en RMB. Par ailleurs, la livre sterling peut être convertie directement en RMB, tandis que les bourses de Londres et de Shanghai réfléchissent à leur rapprochement.
Certes, il est à noter que l’Allemagne et la France, deux autres hubs majeurs en Europe, connaissent aussi leurs propres succès. Par exemple, l’Allemagne est le premier pays européen à avoir signé un protocole d’accord sur le lancement d’une chambre de compensation des paiements en RMB à Francfort, et ceci trois jours avant le Royaume-Uni.
En France, plus d’un quart des sociétés françaises ont réalisé au moins une opération commerciale transfrontalière en utilisant le RMB, ce qui est le niveau le plus élevé pour une nation européenne, selon une étude publiée en 2014 par la banque britannique HSBC.
Toutefois, “l’analogie de la courses de chevaux concernant les centres de RMB offshore n’est pas tout à fait juste, car peu importe qui termine premier : tout le monde est gagnant dans un marché en pleine croissance”, a observé Caroline Wilson, consul général britannique à Hong Kong et Macao, lors d’un discours prononcé en janvier 2015.