Il vaut mieux que le ministre Darmanin parle d’économie et de budget plutôt que de ses notes de restauration.

“Les gilets jaunes sont “un mouvement un peu contradictoire qui veut à la fois moins d’impôts et plus de services publics”, a estimé dimanche le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin dans l’émission Le Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI.

Le ministre a dit entendre les motivations des gilets jaunes et leur “ras-le-bol” face au poids “beaucoup trop élevé” de la fiscalité en France, qui, avec un taux de 45 %, est “le pays avec le plus d’impôts et de dépenses publiques”.

Il a ajouté qu’il aimerait être “le ministre du Budget de l’Allemagne, des Pays-Bas ou de la Suède” qui dégagent des excédents budgétaires, et pouvoir redistribuer de la richesse.

Mais “je ne suis pas un démagogue, si nous baissons les impôts, ou si nous décidons un moratoire, il faudra faire un moratoire sur les dépenses”, a-t-il averti, tout en reconnaissant qu’il “faut peut-être aller plus loin dans la baisse des impôts”…

Darmanin a raison et faux en même temps. Explications.

Les gilets jaunes, comme je le dis dans l’édito de ce jour, ne réclament pas d’augmentation. Essentiellement, ce mouvement est porté et il est l’expression de la France qui bosse et qui se tait chaque jour. Il est l’expression de ceux qui travaillent pour des salaires compris entre 1 000 et 2 000 euros et ils sont le cœur du système France.

Ils ne demandent pas plus d’aides. Ils n’en ont souvent pas le droit puisqu’ils font le choix du travail et pas de l’assistanat. Darmanin a donc complètement tort lorsqu’il mélange hausse des dépenses et baisse des impôts. Les gilets jaunes, qui eux travaillent, demandent une diminution des taxes et impôts qui servent à financer la France de l’assistanat.

Mais… Darmanin a raison sur le fait que si on réduit les impôts et taxes… il faut réduire les dépenses, et là, lesquelles on coupe ? Lesquelles réduit-on ? C’est à ce moment-là que le débat va devenir houleux.

C’est également là que l’on voit une immense scission en France entre la France des assistés et la France de ceux qui travaillent et qui financent la première qui lui coûte de plus en plus cher.

Nous en arrivons au sujet du consentement à l’impôt qui a définitivement disparu. Les uns ne veulent plus payer pour les autres.

Le débat sur le modèle social collectif qui est souhaité n’a jamais eu lieu.

C’est aussi de là que vient ce malaise financier profond.

Que veut-on réduire ? Que veut-on augmenter ? Le tout sous contrainte en ayant un budget équilibré. C’est faisable, mais cela réclame de redéfinir à peu près tout le fonctionnement de notre protection sociale.

L’une des solutions pour mettre fin à ce mouvement, mais surtout pour “guérir” notre pays c’est de penser collectivement ce qui relève de la solidarité nationale et ce qui relève de la responsabilité individuelle. Le penser ensemble avec la volonté réelle de ne laisser personne sur le bord du chemin. Faire cela implique de remettre les gens au cœur du processus de décision politique. L’attente est forte. C’est d’ailleurs là que réside la clef du succès ou de l’échec définitif du président. Si Macron sait remettre (réellement et pas que pour faire semblant) les Français au cœur des processus de décision, il pourra inverser la vapeur. Cela implique “d’abandonner” du pouvoir et de faire confiance…

Vaste sujet ! Vaste programme !

Charles SANNAT

AFP via site Romandie.com ici

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