Voici un article de SovereignMan.com, publié le 5 octobre 2016 et traduit en exclusivité pour vous.
Là encore, il y a ceux très majoritaires qui veulent croire que tout va bien se passer et que la croissance américaine est réelle.
Il y a ceux minoritaires qui doutent à juste titre. Je ne cherche à convaincre personne. Je cherche juste à alerter le plus grand nombre. Rien de plus. Rien de moins non plus.
Préparez-vous !
Charles SANNAT
Dans l’histoire contemporaine de l’économie américaine, notamment quand il est question des sept dernières décennies, l’on peut noter que la période la plus longue où le pays n’est pas entré en récession fut de 10 ans.
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, il y a eu 11 récessions aux États-Unis d’Amérique, et le laps de temps en moyenne entre chacune d’elles se trouve être de 6 ans et 5 mois.
La durée moyenne de ces récessions est de 336 jours. La plus longue récession de l’histoire moderne a duré 18 mois, notamment en 2008-2009, tandis que la plus courte a été de 6 mois en 1980.
À chaque fois qu’une récession a frappé, l’omnisciente et la toute-puissante Réserve fédérale a tenté de stimuler l’économie en réduisant les taux d’intérêt, et ce généralement à plusieurs reprises.
La plus petite baisse des taux d’intérêt a été de 2,03 %, au cours de la récession de 1990-1991.
La plus grande baisse des taux d’intérêt au cours d’une récession a été de 9,84 %, au cours de la récession de 1981-1982.
La baisse des taux d’intérêt pendant une récession est en moyenne de 4,03 %, si l’on se base sur les données de la Réserve fédérale qui portent sur les soixante années passées.
En fait, lors de chacune des récessions dans l’histoire américaine moderne, les taux d’intérêt étaient toujours beaucoup plus faibles à la fin de la récession qu’ils ne l’étaient au début.
Ainsi, si l’on considère ces moyennes historiques comme un indicateur fiable, la prochaine récession devrait commencer à un moment donné, situé entre aujourd’hui et le milieu de l’année 2019, avec une baisse des taux d’intérêt de 2 % à 4 %, et ce en supposant qu’il s’agisse d’une récession légère ou moyenne.
Il ne s’agit pas là d’un film de science-fiction.
Même l’Office budgétaire du Congrès américain (Congressional Budget Office) a récemment revu ses prévisions, en admettant que la prodigieuse dette nationale des États-Unis s’élevant à 19 trillions de dollars – qui continue d’ailleurs à s’accumuler rapidement –, remet sérieusement en doute la perspective d’une croissance économique significative.
Maintenant, voici le problème :
Les taux d’intérêt sont historiquement bas à l’heure actuelle. Le ratio effectif des fonds fédéraux était, en début de ce mois-ci, de 0,29 %.
Donc, à moins que la Fed ne relève ses taux fortement, et ce très rapidement, il est presque certain que les taux d’intérêt américains seront négatifs lors de la prochaine récession.
Les taux négatifs, bien sûr, sont presque toujours accompagnés de contrôles des capitaux : des restrictions légales de l’épargne dans un système financier en plein échec.
Nous voyons déjà les premiers signes de contrôle des capitaux en Europe et au Japon où les taux d’intérêt sont bel et bien négatifs.
Les déposants européens souffrent des restrictions de retrait des banques. Qui plus est, l’on peut observer une forte dynamique, visant à interdire l’argent physique (le remède naturel des taux d’intérêt négatifs).
Ce n’est que le début. Et tous ceux qui ont vécu sous le contrôle des capitaux peuvent confirmer que celui-ci a des effets néfastes tant sur notre épargne que sur notre niveau de vie, en général.
Malheureusement, les taux d’intérêt négatifs s’avèrent être l’instrument central qui sera, comme d’habitude, probablement mobilisé.
Parce que si la Fed ne démarre pas effectivement le relèvement des taux d’intérêt au-delà de la moyenne de 0,5 %-0,75 % en 2016 ou 2017, ces taux risqueraient de déstabiliser le système entier.
Les taux d’intérêt plus élevés vont engendrer une baisse des prix des actifs, y compris en ce qui concerne l’immobilier, les actions et les obligations.
C’est un énorme problème pour la Fed, qui détient des milliers de milliards de dollars d’obligations et de titres immobiliers.
En outre, notons que le capital de la Fed s’élève à moins de 1 % comparé à son bilan financier total.
Donc, si les prix des actifs baissent de 1 % à l’issue d’un relèvement des taux d’intérêt procédé par la Fed, ces derniers deviendraient insolvables.
Il est difficile d’imaginer les retombées et les conséquences si la banque centrale la plus importante du monde venait à faire faillite.
Des taux plus élevés risquent aussi de ruiner le gouvernement fédéral, qui emprunte déjà des quantités record d’argent, juste pour payer l’intérêt relatif à ce qui a déjà été emprunté auparavant.
De plus, des taux plus élevés pourraient également ralentir l’économie américaine, où à la fois la productivité et la croissance du PIB sont au point mort, et ce même maintenant, lorsque les taux d’intérêt se trouvent à des niveaux historiquement bas.
Si la Fed décidait de relever ses taux de manière significative, cela créerait toutes sortes de catastrophes financières, y compris en ce qui concerne sa propre insolvabilité. Cela entraînera effectivement une récession que la Fed essaye d’éviter.
Mais, d’un autre côté, si la Fed ne soulève pas ses taux, alors elle sera obligée de mettre en place des taux d’intérêt négatifs lors de la prochaine récession.
Ce ne sont pas des prédictions farfelues mais, au contraire, une lecture logique des données qui nous sont accessibles ainsi que de l’histoire financière moderne – particulièrement celle des États-Unis.
L’alternative serait de supposer que la Fed possède une baguette magique, capable de tout réparer en un seul instant et sans aucune conséquences…
… Ou qu’il n’y aura plus jamais de récessions dans le cadre de l’histoire de l’humanité.
Cela vous paraît absurde, n’est-ce pas ?
D’autant plus que c’est pourtant assez évident de voir vers où l’on se dirige. Il n’est pas question ici d’un problème politique, mais davantage d’un problème arithmétique. Et le calcul ne tient pas debout.