Clinton, Trump, Trump, Clinton, peste ou choléra… Pas évident d’y voir clair. Rien ne dit que Trump ne sortira pas quelques scandales au dernier moment et dans la dernière ligne droite sur les histoires de fesses du futur premier homme de la première présidente, à savoir Bill Clinton lui-même qui pratiquait avec assiduité les conduites sexuelles “inappropriées” dans le bureau ovale.
Nous sommes donc à mi-chemin entre le grand-guignol et le pathétique.
Cela pourrait être cocasse… Pourtant, il s’agit de la présidence du plus grand pays du monde dit “libre” !
Charles SANNAT
Si vous étiez parmi les plus de cent millions de personnes sur cette planète qui ont acheté et ont été émoustillées par «Cinquantes Nuances de Grey», le roman best-seller d’une relation sexuelle sadomasochiste entre un jeune homme d’affaires riche et une élève de l’université, le deuxième débat présidentiel américain vous aurait sans doute plu.
Invité : Olivier Piton est avocat en droit public français, européen et américain. Il a collaboré auprès de trois ambassadeurs de la France aux États-Unis sur les affaires publiques et les relations gouvernementales. Il a créé et dirigé la cellule de stratégie d’influence de l’ambassade de France à Washington, DC, de 2005 à 2010. Il est le président de la Commission des lois à l’Assemblée des Français de l’étranger, et l’auteur du livre, « La Nouvelle Révolution Américaine » chez Plon.
Quelles sont vos impressions préliminaires sur le 2e débat présidentiel ?
« Les journalistes avaient de toute façon dans l’idée de cristalliser le débat sur les frasques sexuelles plutôt que de s’intéresser au fond […] Je ne sais pas qui a gagné le débat, mais je crois que celui qui l’a perdu c’est le Parti républicain. 48h avant le débat, 150 personnalités du parti républicain ont tenté de faire pression sur Donald Trump pour lui demander de se retirer. »
« Le système tout entier, le système politique, économique, médiatique a décidé de battre Donald Trump, c’est absolument clair et le système est puissant […] Il n’y a pas forcément de concertation mais je pense qu’il y a un certain nombre de pôles d’intérêts qui ont extrêmement peur que Donald Trump devienne président. »
« Donald Trump sera peut-être battu le 8 novembre mais je pense que ses idées lui survivront et qu’un jour quelqu’un arrivera à la Maison Blanche avec ses idées et une personnalité différente. »
« Donald Trump met fin au logiciel républicain qui a débuté en gros au début des années 60 […] d’un côté le libéralisme ultra dans le domaine économique […] et de l’autre côté une vision assez traditionnelle, familiale des mœurs […] On a aujourd’hui dans le domaine économique un Donald Trump qui est totalement à l’inverse […] Il propose un interventionnisme de l’État, il critique la mondialisation […]
Dans le domaine des mœurs, il n’y a pas plus éloigné que Donald Trump et sa vie que de la vision de la famille chrétienne américaine. »
Qui est vraiment Hillary Clinton ? Pourquoi est-elle aussi impopulaire ?
« […] Ce qui est frappant c’est que personne n’arrive exactement à savoir quelle politique elle mènera parce qu’elle est fascinée, obsédée par le fait d’être en accord avec l’immédiateté de l’opinion […] Hillary Clinton sera probablement très interventionniste. »
« Encore aujourd’hui quand je discute avec des membres du Département d’État, ils ont toujours cette obsession de la Russie qui ne les quitte pas, ils ne sont toujours pas revenus de cette obsession de la menace russe […] l’émergence de l’émotionnel, du pathos dans la politique internationale […]
On a ce mélange bizarroïde de l’hyperpuissance […] la politique de l’émotionnel, le poids des opinions publiques et puis l’incapacité à repenser une diplomatie post-guerre froide.
Et vous avez ces trois éléments qui font que les États-Unis ont à peu près raté, mais les Européens aussi, pratiquement les vingt-cinq dernières années de leur politique étrangère. »
« Ni l’un, ni l’autre n’a donné le sentiment de véritablement avoir une vision c’est ce qui est très inquiétant parce que l’un des deux va arriver à la Maison Blanche, et on va avoir des gens dont on a l’impression qu’ils ne comprennent pas le monde qui les entoure et ils sont dans l’incapacité d’offrir une perspective, une vision. »