C’est une crise silencieuse qui sévit au sein de la Direction Générale des Finances Publiques, celles des suicides d’agents des finances publiques qui vont mal puisque 13 agents se sont suicidés et 8 autres ont tenté de mettre fin à leurs jours au cours des six derniers mois.
Ces chiffres alarmants, confirmés par le journal Le Monde soulignent une crise profonde au sein de cette administration rattachée au ministère de l’Économie et des Finances. Le fonctionnement de cette administration publique de toute première importance est qualifiée de « machine à broyer » par certains observateurs et rappelle des épisodes tragiques passés dans d’autres secteurs publics et interpelle sur les conditions de travail des fonctionnaires.
Cette série noire n’est pas sans précédent en France. On peut établir un parallèle avec la crise survenue chez France Télécom entre 2008 et 2009, où 35 suicides d’employés avaient conduit à des poursuites pénales contre sept dirigeants en 2016.
En France le taux de suicide (le plus élevé d’Europe) est de 13.4 pour 1 000 000 habitants par an.
Si la tendance se poursuivait sur l’année, avec 99 500 agents à la DGFIP soit globalement 100 000 nous serions à un taux de 26 pour 100 000 qui serait le double de la moyenne nationale ce qui est une anomalie statistiques.
Avec le déploiement de nouveaux outils, avec la mise en place de l’IA, de restructurations massives touchant la façon même de travailler et de ne plus accueillir le public qui doit tout faire sur Internet, nous avons des effets dévastateurs sur les gens.
Il y a un élément très important ici à prendre en considération, c’est la sécurité de l’emploi qui joue comme un facteur aggravant psychologiquement car il agit comme une prison mentale conduisant les gens à l’impossibilité de choisir la démission, démission qui en plus ne donne pas droit au chômage. La sécurité de l’emploi n’est pas une sécurité .
C’est une prison psychique qui conduit les gens parfois à des solutions extrêmes car… ils ne voient de portes de sorties.
Enfin, travailler, dans les bureaux tristes des finances publiques, c’est rapetissant, rabougrissant, cela finit par vous rendre aussi gris que les murs et moquettes hors d’âge.
Travailler dans ce genre d’ambiance est en réalité terrifiant et destructeur psychologiquement.
Je n’envie pas un seul de nos concitoyens fonctionnaires qui doivent supporter tout cela sans oublier l’essentiel, un empilement de règles qui confine souvent à la maison des fous… (Cf Astérix et Obélix).
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.
Préparez-vous !
Charles SANNAT
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“Si la matière grise était plus rose, le monde aurait moins les idées noires.”
Pierre DAC
A vous lire, Charles, si je comprend bien, les agents des finances publiques sont en surpopulation carcérale?
Le choix de vie comme la sécurité de l’emploi, où bien encore, d’être en capacité de niquer ses concitoyens, d’obtenir une retraite anticipée où de croître sereinement, porté dans le lit du fleuve de l’administration fiscale se trouverait êtres un miroir aux alouettes ?
N’en déplaise aux concernés, ayant eu à subir les foudres de 4 contrôleurs fiscaux, à l’esprit tordus à souhait, je ne compatis pas. Ils étaient tous fourbes, machiavéliques et dénués de sensibilité, enfin, pour les autres, me semble-t-il.
Non , c’est leur mauvaise conscience qui les rattrape , prendre autant d’argent aux rares qui payent l’impôt , et pour en faire quoi , je comprends que cela les ronge ….
13,4 pour 1 000 000
26 pour 100 000
Ce n’est pas le double , c’est 20 fois plus
Pareil épisode a eut lieu à France Telecom, début des années 90 … Un dénommé Lombard , président du groupe a été condamné pour harcèlement moral …
Je préfère mourir debout!! etc…
BONJOUR.La Fonction publique n’est plus la sécurité de l’emploi comme cela était dans les années 70.80.Les petites mains sont trop souvent malmenées par des hièrarchies carriéristes .Ce qui compte pour les hauts cadres,c’est d’assurer ses arrières,plaire à plus haut et écrabouiller tout ce qui risque de faire de l’ombre .Résultats des courses:traffiquer les chiffres vers le positif,et mettre le pays en faillite.
Avons-nous trop de professeurs, trop de policiers, trop de personnel soignant dans nos hôpitaux ?
Pour ceux qui connaissent la fable du rameur et des barreurs, il faut savoir que les administrations ne suppriment JAMAIS les nombreux postes superflus d’encadrement. Pourtant les administrations sont inutilement surhiérarchisées. Par contre, pour satisfaire les cris démagogiques du « moins de fonctionnaires », il faut tailler dans les effectifs des sans-grade qui sont sur le terrain, au contact de la population.
Malgré les effets d’annonces, les causes de ces drames vont perdurer, le pire est malheureusement peut-être encore devant nous.
Ayant subi un contrôle en 2017, et n’ayant jamais réussi à remonter la pente depuis, je ne vais pas les plaindre
Sans oublier plus de 200 suicides dans l’agriculture.
Empilement de règles qui changent et parfois se contredisent, empilement de petits chefs qui cherchent à justifier leur paye, renouvellement permanent des procédures, isolement croissant, réduction drastique de leur autonomie d’action, mépris de la société envers eux, supériorité de la « communication » sur le service public, etc.
Les causes sont multiples….La tête du poisson est déjà pourrie, le reste suit…..
1er point : parmi les 13 suicidés, mon ancien (et regretté) collègue Pierre n’a PAS à être compté dedans, la maladie de Parkinson à un stade avancé n’ayant strictement rien à voir avec le travail.
2 ème point : 12 suicides (dont vraisemblablement moins de la moitié sont imputables au service) sur un peu moins de 100000 agents, c’est peu ou prou la même proportion que le taux de suicide national pour 100000 personnes…
3 ème point : les locaux étaient fort tristes il y a encore de cela une dizaine d’années, principalement les vieilles trésoreries avec 3 ou 4 agents. Aujourd’hui, énormément de services sont neufs car issus de fusions et moult cités administratives sont sorties de terre, avec un haut niveau de confort
Sus aux amalgames et légendes urbaines !
Il y a la police devenue milice. Les agents des impôts sont les policiers de l’argent, donc devenus des miliciens. Pas étonnant. L’archipel du goulag commence à Bercy.
Darwin. Ca fait des depenses en moins. L’etat est indifferent aux souffrances qu’il cause
Pas surpris du tout.
Dans tous les ministères, c’est le régime sec.
Plus de photocopies, plus de remboursement des frais de repas, des téléphones avec plus aucun accès internet, des bureaux ou l’on doit se resserrer à 2-4 personnes. Plus d’abonnements aux journaux indispensables pour exercer son métier. Réduction drastique des formations.
Pas de climatisation (32 degrés), le chauffage tardif en hiver avec des vestes polaires.
Mantra du blocage du point d’indice depuis quinze ans. Suppression des primes individuelle et collective.
Résultat : un mal être croissant
Humainement triste bien sûr, mais vous me permettrez de ne même pas avoir le moindre début de compassion pour ces sbires trop souvent zélés qui servent ce qui nous sert d’état.
Déjà il faudrait savoir si ces suicides se produisent plus parmis les cades que les agents de base. Sur 13, la statistique sera difficile. Ensuite est ce qu’il n’y aurait pas un lien avec la sociologie des gens qui travaillent aux impôts et dans l’administration en général?
La DGFiP mise sur l’accueil multi-canal :
– téléphonique avec le développement des centres de contacts (7 nouveaux annoncés cette semaine) et le maintien du contact direct dans les services ;
– électronique par le système de messagerie sécurisée ;
– physique à l’accueil des centres des finances publiques et dans les établissements France services, ce qui fait d’elle une des dernières administrations à accueillir du public, souvent dans une grande détresse sociale.
L’accueil est un métier à part entière, mais les agents sont rarement formés à cela, voire n’ont pas l’appétence pour écouter à longueur de journée les problèmes des personnes face à aux.
S’ajoutent à cela des nouveaux process métiers qui contraignent les services à faire du travail de masse beaucoup moins intéressant que celui qu’il faisait auparavant en traitant des dossiers/secteurs qu’ils connaissaient par cœur. Bref, un désintérêt dans le travail pour les plus anciens auquel s’ajoute les problèmes du quotidien comme pour tout le reste de la France, pour les plus jeunes comme pour les plus vieux, quel que soit le grade.
L’humain est un mammifère social. La dictature IA-tienne qui se met en place, est une destruction pure et simple de l’humain et de tout ce qui fait de lui un être vivant et sensible…
Merci Mr Sannat !
Votre article est exeptionnel ! Et peut être que la simple lecture de ce texte aurait pu rompre l’isolement en évitant l’extrême !
Merci infiniment !
Je vous adore !
Bonjour
Merci pour votre travail charles.
Je constate une coquille dans l article, on est a 13 pour 1 000 000 de suicide en France et a 26 pour 100 000 au impôts. On est pas fois 2, mais fois 20!
Un ancien collègue me disait que France télécom était le laboratoire de ce qui attendait le personnel des autres administrations 🙁
Depuis ses débuts, le but de l’éducation nationale est de produire des individus taillables et corvéables , quitte a fragiliser l’estime de soi chez ceux qui n’ont pas les ressources familiales pour se protéger des humiliations subies.
Là où l’état ou le capital est à son aise, le peuple est la peine.