Voici ce que déclare le gouverneur de la banque de France François Villeroy de Galhau dans un discours donné lors de la Conférence du Haut Conseil des Finances Publiques à Paris le 10 mai 2022 et intitulé :

« La soutenabilité de la dette française, entre hausse des taux et règles européennes » !

Vaste programme n’est-ce pas.

Je vous invite à lire ce discours et je vous en sors un chiffre très significatif.

L’augmentation à venir du coût de la dette

« En particulier pendant la crise Covid, les politiques monétaire et budgétaire, tout en restant indépendantes, étaient alignées et se renforçaient mutuellement : tant que l’inflation restait faible, les taux directeurs restaient bas, réduisant les coûts d’une politique budgétaire expansionniste qui elle-même soutenait l’activité et in fine l’inflation. À l’évidence, ce contexte économique a changé depuis l’automne dernier : face à l’augmentation rapide de l’inflation, y compris hors énergie et alimentation (+3,5 % d’inflation « core » en zone euro en avril), nous devons normaliser la politique monétaire.

Les marchés financiers incorporent en outre une prime de risque face à ce retour de l’inflation : en passant, ceci fragilise désormais beaucoup l’idée reçue selon laquelle l’inflation réduit la dette et sa charge. Les taux ont donc déjà significativement monté (l’OAT à 10 ans est passé de 0,1 % il y a un an, début mai 2021, à 1,6 % aujourd’hui), ils devraient continuer à le faire en particulier sur le segment à court terme. Toute augmentation des taux se transmet progressivement à la dette émise ou réémise, à raison d’environ 15 % par an de l’encours pour la France. Selon nos estimations, chaque hausse de 1% des taux entraînera au bout de 10 ans une augmentation de la charge annuelle d’intérêt de 1 pt de PIB, et une augmentation de la dette de 5½ pt de PIB, par rapport à une situation sans hausse de taux. Chaque 1 % de hausse des taux d’intérêt représente donc à terme un coût annuel supplémentaire de près de 40 Md€, soit presque le budget actuel de la Défense. Il serait donc irresponsable d’engager notre avenir sur le pari, déjà dépassé, d’une dette à coût zéro ou très faible. Plus de déficit aujourd’hui, ce sera clairement moins de marges de manœuvre et d’action demain, en faveur de l’écologie, de la santé ou de l’éducation ».

Chaque 1 % c’est 40 milliards d’euros et l’équivalent du budget annuel de la défense !

La FED veut passer ses taux à 3 %.

Nous sommes actuellement globalement à 0. Des taux à +3 par rapport à aujourd’hui induiraient à terme 120 milliards d’euros par an de charge de la dette !

120 milliards, c’est tout simplement un niveau d’intérêt insoutenable pour notre pays.

L’inquiétude n’est pas à court terme puisque nous ne refinançons pas toute notre dette chaque année, mais tous les ans une petite partie seulement ce qui fait qu’il faut environ une petite dizaine d’années pour que tout le stocke de dettes soit augmenté.

Pour être très précis, depuis 2003, la maturité moyenne de la dette française a augmenté de 2,4 ans. Elle atteignait 8,2 ans à la fin de l’année 2020, l’une des maturités les plus élevées parmi les économies avancées. (Source Trésor français ici).

Conclusion, notre pays peut encaisser une hausse de taux à 3 % qui dure 2 ans sans problème. Au-delà ce sera problématique, ce qui veut dire que la hausse des taux des banques centrales sera forcément limitée et dans le temps et dans son montant !!

Charles SANNAT

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Source Banque de France discours du Gouverneur ici. 

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