Lorsque j’écris un article qui semble “négatif” sur le Bitcoin, non qui est négatif sur le bitcoin, je reçois une tripotée de mails me disant soit que je ne comprends rien aux raffinements techniques de la crypto-monnaie, soit que je suis un passéiste invétéré anti-bitcoin et que je suis donc un gros nul.
Alors que les choses soient bien claires, je suis nul, les crypto-machins chouettes me gonflent copieusement comme toutes les joyeusetés plus ou moins technologiques. Pourquoi ? Parce qu’il ne faut pas confondre deux types de progrès. Le premier progrès est purement technique. C’est un progrès d’intendance. Et le Bitcoin en fait partie comme les aïe-Phone et autres tablettes. Puis il y a les progrès globaux, ceux qui façonnent le monde par des changements majeurs. Et là, le Bitcoin n’est rien. Ce qui est c’est en revanche la technologie du Bitcoin, et le Bitcoin, à l’instar des premiers sites Internet des années 90, est probablement destiné à disparaître.
Nous parlons ici de la monnaie. La monnaie est évidemment l’expression d’un immense pouvoir. Imaginer que quelques geeks vont réussir à faire vaciller Wall Street ou les intérêts financiers actuels est d’une naïveté là encore confondante. Je ne suis pas pour ou contre le Bitcoin ! La technologie des blockchains s’imposera sans doute et sera imposée par les banques commerciales et les banques centrales. Faire accepter une monnaie n’est pas un travail si simple.
Souvenez-vous du débat que les moins de 30 ans ne peuvent pas avoir connu sur qui va gagner, les start-ups ou les “brick and moktar” ? En clair, on se demandait début 2000 si une société comme Auchan aurait encore des magasins dans deux ans ou si tous les supermarchés en ligne allaient l’emporter. La réalité c’est qu’aujourd’hui vous faites vos courses chez Auchan Drive, qu’on ne vous livre pas et qu’en plus vous allez les chercher vous-même en remerciant en plus Monsieur Auchan… Les start-ups ont perdu. Le Bitcoin est une “start-up” monétaire. Je ne suis ni pour ni contre, je pense juste que c’est une bulle qui va exploser, ruiner des gens et permettre d’asseoir justement des monnaies électroniques officielles.
Charles SANNAT
Diabolisé pour les mêmes raisons que l’or, Bitcoin, ou plutôt la technologie derrière cette monnaie numérique, est en passe d’être « piraté » par Wall Street. L’idée, telle que détaillée dans cet article de Bloomberg, est de récupérer la technologie de la chaîne de blocs pour l’appliquer au dollar (ou tout autre devise). Cela permettrait de profiter de la quasi instantanéité des transactions Bitcoin tout en laissant aux banquiers centraux le privilège de gérer comme bon leur semble les agrégats monétaires alors que dans le cas de Bitcoin, la « masse monétaire » est connue d’avance. Le blockchain pourrait donc accélérer malgré lui l’élimination de l’argent liquide, ce qui n’était pas (en principe ?) l’objectif recherché… Article via Insolentiae.com :
La réunion secrète de Wall Street durant laquelle le dollar numérique fut testé
Durant un lundi d’avril, plus de 100 cadres supérieurs d’institutions financières parmi les plus importantes du monde se sont rassemblés pour une réunion privée dans les bureaux de Times Square de Nasdaq Inc. L’objectif n’était pas seulement de discuter de la chaîne de blocs (« blockchain », base de données distribuée qui est la pierre angulaire des monnaies digitales comme Bitcoin), la nouvelle technologie qui va selon certains bouleverser la finance, mais aussi d’élaborer et d’expérimenter avec.
Avant la fin de la journée, ils ont assisté à une révolution : des dollars américains devenus complètement numériques purent être utilisés pour exécuter et régler instantanément une transaction. Et ce conformément à la promesse de la chaîne de blocs, qui permet d’obtenir ces résultats avec une certitude quasi immédiate en remplacement des systèmes lourds et sources d’erreurs qui prennent plusieurs jours pour effectuer des transactions à travers le monde ou entre 2 villes.
Cet événement a été initié par Chain, l’une des nombreuses start-ups qui tentent de réorganiser le secteur financier. Dans la salle de réunion, des représentants de Nasdaq, Citigroup, Vis, Fidelity, Fiserv, Pfizer et bien d’autres furent présents.
L’événement, rendu public dans un communiqué publié ce lundi, représente un moment clé dans l’évolution de la chaîne de blocs, une technologie remarquable aussi bien en raison de ses réussites que du nombre de sociétés qui l’examinent. Son potentiel fascine les cadres supérieurs de Wall Street car elle permet de libérer des milliards de dollars en accélérant des transactions qui peuvent aujourd’hui prendre plusieurs jours, et qui monopolisent donc du capital. Mais l’un des problèmes à résoudre est la numérisation de l’argent. Et si certaines entreprises ont mené des expériences allant dans ce sens, l’événement organisé par Chain montre que bon nombre d’entre elles tentent désormais de trouver une éventuelle solution commune.
« Nous avons créé un dollar numérique » afin de faire la démonstration au groupe rassemblé à Nasdaq un débit et un crédit instantané sur la chaîne de blocs, a déclaré Marc West, responsable de la technologie chez Fiserv, une société de paiements qui comptent plus de 13 000 clients dans le secteur de la finance. « Il s’agit du premier mouvement de ce genre. »
Une technologie qui grandit en silence
Chain est déjà connu dans certains cercles de Wall Street pour son projet visant à assister Nasdaq dans la migration du trading des titres des sociétés non cotées vers une chaîne de blocs. Mais en général, elle fait profil bas par rapport à d’autres projets mêlant finance et technologie.
La société basée à San Francisco a également utilisé la réunion du 11 avril pour présenter à ses clients et à ses investisseurs le Chain Open Standard, une plateforme open source de chaîne de blocs développée depuis plus d’un an par Chain, a déclaré Adam Ludwin, son CEO. Chain a conçu les éléments complexes requis pour le fonctionnement d’une chaîne de blocs afin que ses clients puissent développer à partir de cette base des solutions sur mesure à leurs problèmes, a-t-il déclaré.
« Cela fait quelques années que nous développons cette solution avec plusieurs partenaires, » a-t-il déclaré. « Les chaînes de blocs reposent sur des réseaux, nous pensons donc que la collaboration est importante. Mais démarrer à partir du bon modèle est encore plus important que cette collaboration, » a-t-il ajouté. L’événement fut gardé secret afin que les participants puissent partager en toute liberté de nouvelles idées et prendre des risques. « Plus la presse est présente, plus la qualité du dialogue et des solutions baissent, » a-t-il déclaré.
La chaîne de blocs la plus courante est celle derrière la monnaie digitale Bitcoin, qui existe depuis 2009. Les sociétés financières sont cependant réticentes à adopter Bitcoin vu que ses utilisateurs anonymes pourraient impliquer les banques dans des violations des lois concernant le blanchiment d’argent et « Connais ton client » (Know Your Customer). Les dollars numériques ne posent pas ce genre de problème (sic ; Bloomberg est frappé d’amnésie ? http://www.lepoint.fr/economie/accusations-de-blanchiment-hsbc-payera-1-9-milliard-de-dollars-pour-clore-les-poursuites-americaines-11-12-2012-1553791_28.php,http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/06/26/ubs-france-condamnee-a-10-millions-d-euros-d-amende_3436684_3234.html, etc., etc.).
L’ère du mainframe
Nasdaq et Citigroup ont discuté pour explorer la possibilité d’une éventuelle collaboration, a déclaré Brad Peterson, le CEO de cette bourse. Il a déclaré que la chaîne de blocs pourrait également être utilisée pour des données de référence, par exemple comment des actions ou des obligations spécifiques sont identifiées à travers tous les marchés.
Wall Street fut l’un des premiers bénéficiaires de l’informatisation. Presque 30 ans plus tard, ces systèmes existants peuvent être désormais un frein à de nouvelles évolutions technologiques, a-t-il déclaré.
« Il s’agit de la grande opportunité à saisir : comment s’affranchir de l’ère du mainframe, » a-t-il déclaré.
Tandis que l’argent d’un compte en banque circule sans cesse de façon électronique aujourd’hui, il faut faire la distinction entre ce système et les implications d’un argent qui est numérique. Les paiements électroniques sont simplement des messages indiquant que de l’argent liquide doit être transféré d’un compte vers un autre. C’est ce rapprochement bancaire qui ralentit le processus de paiement. Pour les clients, un virement bancaire peut prendre plusieurs jours dans l’attente de la réception de la confirmation par les banques. Des dollars numériques, par contre, sont préchargés dans un système comme une chaîne de blocs. À partir de là, ils peuvent être échangés instantanément contre un actif.
« Au lieu d’envoyer une transaction ou un message, on envoie l’actif en lui-même, » a déclaré Ludwin. « Le paiement et la confirmation sont fusionnés. »
Une collaboration rare
Ian Lee, responsable du « global lab network and acceleration fund » de Citigroup, a déclaré que l’éventuelle utilisation d’argent numérique fut l’un des premiers sujets de recherche de Citigroup lorsqu’il s’est penché sur la chaîne de blocs. Il a été impressionné par la variété de clients rassemblés par Chain vu qu’à Wall Street la collaboration est rare. De nombreuses sociétés font face aux mêmes problèmes, à savoir comment exploiter la chaîne de blocs, a-t-il déclaré.
« Si cette technologie a un gros potentiel, elle devra s’intégrer et coexister avec le système financier tel qu’il existe aujourd’hui, » a-t-il déclaré.
Ludwin affirme que la chaîne de bloc a été validée par Wall Street. Il faut désormais se concentrer sur la création de solutions.
« Créer cette solution n’est pas de la petite bière, mais cela n’implique pas non plus le bouleversement des procédures de grandes entreprises, » a-t-il déclaré. « Il ne s’agit pas d’ingénierie financière, mais d’ingénierie informatique qui va refaçonner les services financiers. »